Après l'appel inédit à manifester de l'Ordre des médecins, c'est une mobilisation historique à un second titre qui s'annonce la semaine prochaine. En effet, deux syndicats de praticiens hospitaliers – l'intersyndicale Action praticiens hôpital (APH) et l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf) – ont appelé ce vendredi à grossir les rangs de leurs confrères libéraux qui battront le pavé à Paris le 14 février. Tous protestent contre la proposition de loi (PPL) de Stéphanie Rist sur l'accès direct aux paramédicaux, qui sera examinée le même jour en séance publique au Sénat.
Libéraux et hospitaliers manifesteront ainsi de concert contre ce texte qui « ne respecte pas les engagements initiaux de la pratique avancée infirmière, déstructure l'organisation du soin et instaure une médecine à deux vitesses », écrivent APH et l'Amuf. La première avait déjà critiqué les dispositions de la PPL Rist sur son versant hospitalier redoutant le retour des « officiers de santé » de la Révolution Française. « La pratique avancée doit se concevoir dans le cadre d'un parcours de soins dont l'initiateur du soin est le médecin, en ville ou à l'hôpital, qui a élaboré le diagnostic et la stratégie thérapeutique et qui coordonne avec les équipes soignantes les soins qui peuvent être délégués ou transférés en spécifiant les objectifs thérapeutiques à atteindre pour le malade », insistent les deux organisations hospitalières.
Ouverture aveugle
Ce discours fait écho à celui d'une autre organisation qui a rejoint ce vendredi la grogne générale et appelle aussi à la manifestation. Le Collège de la médecine générale (CMG) déplore que « l’ouverture aveugle » de transferts de compétences et d’accès directs « au mépris du rôle et de la place de chaque métier engendrera des parcours de soins erratiques, où les professionnels pourront se renvoyer les responsabilités du plan de prévention, de diagnostic et de suivi, laissant les patients livrés à eux-mêmes ».
La manifestation de mardi sera en outre l'occasion pour les libéraux et les hospitaliers de défendre leurs revendications catégorielles – les premiers dans les négociations conventionnelles en cours et les seconds dans leurs discussions avec le ministère notamment autour de la question de la pénibilité du travail de nuit.
APH et l'Amuf considèrent qu'il ne leur appartient pas de commenter les revendications de leurs confrères de ville. Mais ils soulignent que « la médecine hospitalière et la médecine libérale ne fonctionnent ni en silos, ni en opposition : la reconstruction du système de santé ne sera possible que si l'une et l'autre sont en mesure de travailler correctement et ensemble ». Rarement, donc, le corps médical aura été autant uni dans la protestation.
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