L'ancienne directrice de l'hôpital de Lanmeur (Finistère), Françoise Le Bot, a été condamnée par la cour d'appel de Rennes à quatre mois d'emprisonnement avec sursis pour harcèlement sur quatre agents hospitaliers, a-t-on appris jeudi. La cour, qui a partiellement infirmé la décision de première instance (cinq mois avec sursis), l'a condamnée en ce qui concerne quatre agents hospitaliers sur les huit agents pour lesquels elle était poursuivie.
Durant le procès d'appel, le ministère public avait requis une aggravation de la peine à huit mois de prison avec sursis. L'avocat de Mme Le Bot avait au contraire assuré qu'aucune infraction de harcèlement n'était caractérisée.
« Un mode de fonctionnement vexatoire »
Dans son arrêt rendu mercredi, la cour d'appel de Rennes pointe « un mode de fonctionnement vexatoire », une « ostracisation » et une « stigmatisation » de certains agents, des « propos dénigrants » et plus généralement des « agissements de la prévenue susceptibles de porter atteinte aux droits et à la dignité » des victimes.
« Cet arrêt nous soulage dans la reconnaissance du préjudice », a déclaré Stéphane Postollec, secrétaire général de la CFDT santé sociaux du Finistère, syndicat qui s'était porté partie civile au procès. « C'est aussi une victoire au goût amer car il a fallu un long combat de plusieurs années pour faire comprendre que cette personne avait un management dangereux et toxique », a ajouté M. Postollec.
Actuellement secrétaire générale auprès de la direction d'un hôpital breton, Mme Le Bot, 64 ans, a été à la tête du petit centre hospitalier de Lanmeur (300 lits) entre 2008 et 2020. Tout au long de son procès en première instance, en octobre 2021, elle avait réfuté les faits reprochés, dont les plus anciens remontaient à février 2014 et les plus récents à décembre 2020.
Brimades
Tour à tour, les victimes, dont un médecin, une pharmacienne et des cadres administratifs étaient venues à la barre raconter les « brimades », le « dénigrement », les difficultés à avoir des retours lors des demandes de congés, les regards insistants « de la tête aux pieds » ou encore « la mise au placard » de la part de leur directrice, suspendue de ses fonctions à titre conservatoire en décembre 2020. « Il est arrivé que je fasse des observations (...) mais ça n'a jamais été fait de façon vexatoire », s'était défendue la prévenue, concédant tout au plus des « maladresses ».
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