Une information judiciaire a été ouverte à la suite du décès mi-juin, à Mulhouse, d'une femme dont l'employeur avait appelé le SAMU pour signaler ses douleurs à la poitrine, sans qu'aucun médecin ne soit dépêché sur place, a révélé le journal « Les dernières nouvelles d'alsace (DNA) », le 28 septembre. Cette femme de 60 ans avait été retrouvée morte dans son lit par un voisin, dix jours après l'appel au SAMU.
Le parquet de Mulhouse a ouvert le 20 septembre une information judiciaire pour « non-assistance à personne en danger par personne morale », contre le groupement hospitalier régional Mulhouse-Sud-Alsace (GHRMSA), et pour « non-assistance à personne en danger contre X », en l'occurrence le médecin régulateur du 15 qui avait pris en charge l'appel. Une enquête menée par un juge d'instruction est en cours.
Décision médicale
Les faits remontent au 3 juin. L'employeur de cette femme, une agence d'intérim mulhousienne, lui avait confié une mission. La victime indique alors ressentir des douleurs au bras et à la cage thoracique, ce qui conduit la directrice de l'agence à alerter immédiatement le 15. « Elle se plaignait de douleurs à la cage thoracique, des douleurs intercostales, au cœur et au bras gauche. Elle disait ne pas réussir à respirer correctement », raconte à l'AFP la responsable de l'agence.
La directrice a expliqué être restée en contact avec la sexagénaire jusqu'à ce qu'elle reçoive l'appel du SAMU. Toutefois, aucun véhicule sanitaire n'aurait été envoyé pour lui porter assistance. L'autopsie pratiquée sur le corps a confirmé que la victime était décédée des suites d'un arrêt cardiaque.
À l'hôpital de Mulhouse, la direction assure que le service de régulation (SAMU 68) a suivi la procédure. « L'agent de régulation médicale qui a réceptionné cet appel a immédiatement recontacté la patiente puis l'a mise en relation avec le médecin régulateur », explique-t-elle. « Ce dernier a ensuite pris une décision médicale au regard des éléments échangés au cours de l'entretien avec la patiente », précise la direction.
La régulation médicale du SAMU de Mulhouse a fonctionné « normalement », a assuré également lundi Virginie Cayré, directrice générale déléguée de l’ARS pour l'est de la région Grand Est. Selon elle, les conclusions d'une enquête administrative ouverte par l'ARS au cours de l'été seront prochainement rendues publiques. Le rapport est « en cours de finalisation ».
Acharnement
Contacté ce lundi par « le Quotidien », le Dr François Braun, président du syndicat SAMU-Urgences de France, assure lui aussi qu'« il n'y a eu aucun défaut dans la procédure ». « Il y a eu un interrogatoire prolongé ayant mené à une décision médicale, commente-t-il. C’est très rare de voir une information judiciaire et une enquête envers un médecin régulateur… Et un très mauvais signe pour la régulation médicale alors que la procédure est respectée. Il y a dans cette “affaire” un acharnement contre le SAMU que je ne m’explique pas. »
Par ailleurs, même si les urgences de l'hôpital de Mulhouse sont en grève comme des dizaines d'autres services, SAMU-Urgences de France estime qu'aucun lien ne peut être établi avec le décès de la patiente – le service ne connaissant pas de problème d'effectifs en juin dernier. De fait, il comptait 22 médecins équivalents temps plein (ETP) en juin. En revanche, il a depuis fait face à plusieurs vagues de démissions au point que le Dr Jean Rottner, actuel président (LR) de la région Grand Est, a annoncé renfiler la blouse pour venir renforcer les équipes.
Fin 2017, une jeune femme de 22 ans, Naomi Musenga, était décédée aux urgences de l'hôpital de Strasbourg, après avoir été moquée au téléphone par une opératrice du SAMU. La situation avait provoqué un tollé quand le contenu de cet appel avait été diffusé. Deux enquêtes, judiciaire et administrative, avaient été ouvertes. L'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) avait pointé plusieurs manquements du SAMU strasbourgeois à la procédure générale de prise en charge d'un patient.
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