Au-delà des mesures immédiates pour passer l'été, la mission Braun a tracé huit axes de « réformes en profondeur », à travailler dans le cadre de la prochaine grande conférence des parties prenantes sur la santé, censée proposer une nouvelle méthode.
En complément de la future campagne d'information grand public sur le bon usage des urgences – qui invitera à appeler le 15 avant de se déplacer –, les auteurs du rapport proposent de « comprendre le comportement » des patients fort consommateurs de soins non programmés (généralement hors parcours de soins), à l'échelle d'un territoire de santé, et de mieux les accompagner.
Face à ces demandes de soins non programmés non couverts par les médecins traitants, la mission estime qu'il faudra faire du service d'accès aux soins universel (SAS) « le chef d'orchestre de la réponse » à ces besoins de consultations imprévues. « Appeler avant de consommer du soin devrait devenir un geste citoyen », résume le rapport, qui appelle à généraliser le schéma du SAS dans tous les territoires (au-delà des 22 sites pilotes) avec une « juste rémunération » des acteurs.
Toujours à l'échelon territorial, la mission invite à mieux structurer la réponse aux demandes de soins non programmés (SNP), aussi bien au niveau du premier recours (maisons de santé, centres, CPTS), des services d'urgences, du deuxième et troisième recours (spécialistes libéraux) tout en développant la « transparence ». Par exemple, une « labellisation et une cartographie » de l'offre de soins non programmés, accessible via une appli, serait bienvenue.
Moins de bureaucratie
Dans les territoires fragiles, la mission recommande une politique nationale plus ambitieuse de déploiement de la télémédecine (projetée, assistée), l'installation de bornes à proximité des services d’urgence, dans les Ehpad ou même le développement d'unités mobiles.
Côté installation, la mission balaie toute forme de coercition mais suggère pour chaque praticien libéral « une présence régulière en zone sous-dotée » pour les médecins libéraux, avec une aide forte de l'État et des collectivités pour leur « faciliter cet effort ».
Pour redonner du temps de soins aux soignants en ville, « submergés de contraintes bureaucratiques », elle mise sur l'exercice collaboratif, interpro et aidé (assistants médicaux, IPA de premier recours, déploiement de nouvelles CPTS, généralisation des protocoles de coopération). De manière globale, elle appelle à « fluidifier les parcours de soins ».
Dynamiser la politique RH à l'hôpital
À l'hôpital cette fois, la mission juge urgent de redynamiser la politique RH à long terme avec plusieurs priorités : la qualité de vie au travail (QVT), la meilleure rétribution du travail de nuit (« un symbole ») au-delà des mesures prises cet été, le déploiement de nouveaux métiers intermédiaires paramédicaux (IPA urgences, gestionnaire de lits) et nouvelles technologies. Il conviendrait aussi de redonner du temps soignant en confiant les tâches paperassières à des « assistants administratifs au sein des services ».
Cette « réforme » au long cours du système de santé et de l'organisation des soins devra s'accompagner d'une évaluation médico-économique et de critères d'impact pour s'assurer de son efficience et de son efficacité.
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