Hippocrate 2.0

# 4 Ils vécurent heureux

Publié le 25/10/2018

Article réservé aux abonnés

La soirée avait été splendide, et les premiers invités commençaient à partir. Debout non loin de la porte, Fabian et Judith remerciaient tous ceux qui s’étaient déplacés pour leur mariage.

— C’était une belle cérémonie, annonça une femme aux traits tirés en s’approchant d’eux. Jonathan aurait aimé être là pour la voir…

— Solange, souffla Judith en enlaçant la mère du petit garçon. J’aurais aimé le voir aussi, l’entendre rire !

— Je suis sûre qu’il s’amuse en ce moment, là où il est, déclara Fabian en passant un bras autour de ses épaules.

— J’en suis sûre aussi, acquiesça Solange. Comment va Benoît ?

Benoît allait bien. Il avait enfin pris sa retraite quelques mois plus tôt, après avoir trouvé quelqu’un pour le remplacer. Il était resté, malgré les événements, un fervent adepte des intelligences artificielles, et les utilisait régulièrement pour s’assurer que tout allait bien. Aujourd’hui, on n’en trouvait surtout dans les déserts médicaux et dans les urgences hospitalières, pour permettre des diagnostics préliminaires rapides et fluidifier la prise en charge.

L’affaire Jonathan avait eu un impact retentissant. Judith, Fabian et Benoît avaient fait tout leur possible pour que l’enfant soit soigné dans les meilleures conditions possibles, et ils s’étaient liés d’amitié avec Solange pendant que toute la France avait retenu son souffle en attendant le verdict définitif. Une dizaine de pédiatres avait été appelée par les journaux télévisés pour expliquer ce qu’était exactement la méningite bactérienne, quelles séquelles la maladie pouvait laisser, et les symptômes qui pouvaient mettre la puce à l’oreille des parents – alarmant nombre d’entre eux, qui s’étaient évidemment précipités chez leur médecin traitant pour s’assurer que leur progéniture était en bonne santé et qu’elle le resterait.

Pendant ce temps, une série de mesures avaient été prises pour museler les logiciels et encadrer leur utilisation autant que possible. Si elle n’avait pas cessé, elle était désormais un fait logistique plus que médical, destiné à faciliter le travail du personnel de santé et non à le remplacer. Il était hors de question qu’un cas similaire se reproduise, et la ministre de la Santé avait clos le débat d’un ton sans appel : « À partir d’aujourd’hui, avait-elle annoncé lors d’une conférence de presse, nous suivrons le dicton populaire : mieux vaut prévenir que guérir. Je suppose que les Français seront d’accord avec moi sur ce point. »

— Encore bravo à vous deux, félicita une dernière fois Solange après quelques minutes de conversation. Je dois vraiment rentrer me reposer, je repars tôt demain…

— Bien sûr, sourit Judith en serrant une dernière fois son amie dans ses bras. Quand est-ce que Jonathan revient de colonie de vacances ?

— Le 28 juillet, répondit la mère avec un petit sourire. Je me faisais un peu de souci pour lui, tu sais, mais son médecin avait raison, il va beaucoup mieux maintenant. Je pense qu’il aura des tas de choses à nous raconter en revenant… N’hésitez pas à m’appeler si vous passez dans la région, il sera heureux de vous revoir tous les deux.

— Évidemment, confirma Fabian en souriant.

Le médecin en lui n’était jamais très loin. La guérison miraculeuse et les progrès fulgurants de Jonathan les avaient toujours impressionnés, et il était curieux de voir comment se portait celui qu’il considérait toujours un peu comme son patient !

Prochain Histoire courte dans notre édition du8 novembre

Maïa Acklins écrit depuis 2015 sur Short Edition et depuis 2010 dans ses cahiers de brouillon. Aujourd’hui étudiante en Grande Ecole de commerce, elle aimerait bien réussir à terminer un roman... un jour.

Avec la collaboration de