EN PROCRÉATION rien n’est définitif. Les divorces, remariages etc. sont fréquents. Les gynécologues sont souvent confrontés à des demandes de reperméabilisation tubaire alors que les patientes concernées avaient demandé une stérilisation dite « définitive ».
Le Quotidien du Médecin : Quand est-on confronté à une demande de déstérilisation ?
Pr J.-M. Ayoubi* : La stérilisation tubaire est le premier mode de contraception dans le monde et concerne 15 à 18 % des femmes en âge de procréer. Son utilisation touche en France 2 à 5 % des femmes. De nombreuses techniques ont été décrites, en laparotomie puis en cœlioscopie. Elles sont toutes réversibles et accessibles à une réanastomose. La technique Essure, réalisée par hystéroscopie, est actuellement la plus utilisée en France, il s’agit néanmoins d’une technique irréversible. Or, l’évolution de nos sociétés conduit les femmes ayant volontairement demandé une « stérilisation tubaire » à regretter leur choix dans un pourcentage non négligeable de cas (15 à 20 %) : le changement de partenaire en est la principale motivation. Au final, seulement 1 à 5 % d’entre elles iront jusqu’au bout de la démarche les conduisant à une nouvelle intervention chirurgicale de déstérilisation ou réanastomose. L’unique alternative reste la FIV, avec des limites d’âge (42 ans en France) et le nombre limité de tentatives par couple. Les bons résultats de la réanastomose (taux de grossesses variant de 50 à 80 % selon les publications) et le coût moyen par naissance sont cependant plutôt favorables à la chirurgie en l’absence d’autre anomalie de la fertilité.
Quelles sont les techniques chirurgicales susceptibles d’être utilisées ?
La microchirurgie tubaire par laparotomie, qui était la seule chirurgie possible dans les années 1980, offrait d’excellentes possibilités chirurgicales au prix d’adhérences postopératoires relativement importantes. Cette microchirurgie par laparotomie a, petit à petit, cédé la place à la chirurgie tubaire par cœlioscopie, moins précise, mais avec beaucoup d’avantages (moins de complications postopératoires, une plus courte durée d’hospitalisation, et moins d’adhérences postopératoires). La chirurgie robotique profite des avancées de la cœlioscopie et de la précision de la laparotomie. En effet, les pinces micro-articulées, la filtration des tremblements et la qualité de la vision en trois dimensions permettent d’effectuer aisément et précisément en extramuqueux des sutures fines au prolène 5-0 sans traction excessive sur les tissus, ce qui est quasi impossible en cœlioscopie.
Combien de patientes ont bénéficié de la chirurgie robotique, quels en sont les résultats ?
Cinq patientes ont déjà bénéficié d’une réanastomose tubaire par cœlioscopie robot assistée réalisée par le docteur Marie Carbonnel et moi-même dans notre service. Les interventions se sont déroulées aisément sans complication avec des trompes perméables en fin d’intervention et une sortie le lendemain ; deux patientes ont été enceintes spontanément à 3 et 6 mois de la chirurgie, deux ont accouché dans le même hôpital. Une troisième a présenté une fausse couche spontanée. Cette innovation chirurgicale a été publiée dans la revue « Gynecol Obstet Fertil » en mai dernier. Il s’agit des premières naissances en France après une réanastomose tubaire par cœlioscopie assistée par robot Da Vinci. Cette chirurgie cœlioscopique robotisée combinant la précision de la microchirurgie par laparotomie et les suites de la cœlioscopie, nous semble très prometteuse dans cette indication en particulier, et dans toute la chirurgie de l’infertilité en général.
* Service de gynécologie-obstétrique, hôpital Foch – Suresnes.
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