Peu d’études avaient jusqu’à présent été consacrées à la poursuite dans le temps des traitements et à la qualité de vie des patients. Parmi d’autres, une récente enquête de satisfaction chez 106 patients traités par biothérapies "classiques" a rendu des résultats très positifs à 3 et 6 mois en termes d’efficacité, de commodité et de satisfaction globale (1). Une autre étude, prospective multicentrique incluant 521 patients, a évalué l’efficacité et les effets secondaires de l’infliximab dans les conditions de "la vraie vie". À 50 semaines de traitement, plus de 55 % des patients atteignaient le PASI 75 (réduction de 75 % des lésions) et 66 % d’entre eux maintenaient leur PASI 75 à la 98e semaine (2).
Les anti-IL 17 au cœur de l’actualité
Trois molécules dont le développement est très avancé vont arriver prochainement. Les résultats des études de phase III conduites avec le secukinumab (3) montrent des niveaux de réponse clinique très élevés et une réduction d’au moins 90 % de la sévérité des lésions cutanées (réponse PASI 90) après 12 semaines chez 40 à 50 % des patients. Les données sur l’ixekizumab (4) et le brodalumab (4) indiquent des niveaux de réponse de même nature, voire supérieurs, dans un pourcentage équivalent de cas. Les anti-TNFalpha qui sont la principale classe de biothérapie utilisée dans le psoriasis n’obtiennent ce niveau de réponse que chez un nombre plus limité de patients.
On ne sait pas encore si toutes les posologies testées seront retenues, mais les études conduites avec ces molécules suggèrent qu’il existe un effet dose avec, pour les posologies les plus élevées,
de meilleurs résultats, maintenus plus longtemps.
L’arrivée de ces nouvelles molécules risque de changer l’objectif thérapeutique qui jusqu’à maintenant était la réponse PASI 75. La réponse PASI 90 devrait devenir le gold standard.
Les anti-IL17 ne sont pas encore disponibles mais il est probable que les indications et les façons de les prescrire seront homogènes au sein du groupe. Le CHMP (Comittee for medical products for human use) a donné en novembre un avis favorable pour la prescription du secukinumab en première ligne de traitement du psoriasis modéré à sévère. Si cet avis est appliqué en France, cela changerait la stratégie qui jusqu’à présent autorisait la biothérapie dans la mise en place d’un traitement systémique après avoir épuisé les possibilités du méthotrexate, de la ciclosporine et de la photothérapie ou en tout cas deux de ces possibilités.
À l’opposé de ce qui est observé pour la peau, dans le rhumatisme psoriasique, les résultats obtenus avec les anti-IL17 ne semblent pas meilleurs que ceux des anti-TNFalpha et divergent selon les molécules avec une meilleure efficacité apparente du brodalumab que du secukinumab selon les résultats des études de phase II.
Des voies de recherche multiples
On sait que les effets de l’ustekinumab reposent en grande partie sur le blocage de l’IL-23 ; des anticorps dirigés contre la sous-unité p19 pourraient permettre un traitement plus sélectif et le maintien d’une réponse satisfaisante avec de meilleures défenses anti-infectieuses (6).
D’autres molécules bientôt disponibles ont eu l’aval de l’EMA (Agence européenne des médicaments). Ainsi, l’aprémilast (inhibiteur de la phosphodiestérase 4 (PDE4)) aura prochainement l’AMM. Des inhibiteurs de JAK (janus kinase) sont en étude de phase 3 et sont disponibles aux États-Unis.
Et ce ne sont que des exemples…
Dr Brigitte Martin
D’après les communications du Pr Denis Jullien (hôpital Édouard Herriot, Lyon) et du Pr Laurent Meunier (CHU de Nîmes).
1) van den Reek JM et al. Br J Dermatol. 2 014 ; 170 (5) : 1 158-65
(2) Shear NH et al. Br J Dermatol. 2 014 ; 171 (3) : 631-41
(3) Langley Richard G. et al. N Engl J Med 2 014 ; 371 : 326-338 July 9
(4) Leonardi C et al. N Engl J Med 2 012 ; 366 : 1190-1199
(5) Communiqué d’Amgen et Astra Zeneca, 12 novembre 2014
(6) Levin AA et al. J Am Acad Dermatol. 2 014 ; 70 (3) : 555-61
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