Viroses, gale, Kawasaki, surpoids...

Les données récentes en dermatologie pédiatriques

Publié le 15/01/2015
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Crédit photo : PHANIE

Pour le Dr Partrice Plantin, la vedette des viroses revient cette années au Coxsachie virus A6 (CV-6). Le syndrome pieds-mains-bouche (PMB) lié, entre autre, au virus Coxsachie A16 (CV -A16) est bien individualisé. Mais le CV-6 a fait l’objet de deux publications récentes montrant qu’il pouvait être responsable d’un syndrome qu’on ne peut appeler simplement syndrome pied-main-bouche car les lésions cutanées de ces éruptions sont souvent diffuses.

Ces observations démontent le polymorphisme du syndrome pieds-mains-bouche lorsqu’il est lié au CV-A6 et la relative sévérité de ces formes car dans une des séries plus de 10 % des patients ont été hospitalisés. (1,2)

Dans la pédiculose du cuir chevelu, une étude démontre que ni les après-shampoings, ni les solutions d’acide acétique ou d’acide citrique faiblement dosées, ni l’huile d’amande douce ne font mieux que l’eau déminéralisée pour aider à l’extraction des lentes (3).

La gale est toujours un sujet d’actualité. Une étude confirme l’efficacité et la bonne tolérance de l’ivermectine chez les plus jeunes, malgré l’absence d’AMM pédiatrique et de galénique adaptée (4).

Plusieurs publications ont conforté l’idée que la maladie de Kawasaki (principale cause de maladie cardiaque chez l’enfant) n’est pas de cause infectieuse comme on l’entend habituellement mais pourrait être une maladie d’hypersensibilité médiée notamment par une souche de candida véhiculée par des vents troposphériques (5). Quant aux résultats de l’infliximab dans la maladie de Kawasaki, ils sont mitigés et la place des anti TNF reste discutée.

Dans les hémangiomes infantiles l’efficacité spectaculaire du traitement par le propranolol

avait été l’une des grandes nouveautés des années précédentes. L’équipe bordelaise à l’origine de cette découverte a précisé récemment les risques de rechute après traitement. Sur 158 enfants traités, 40 récidives ont été observées. Deux facteurs étaient corrélés indépendamment à ce risque : le caractère segmentaire de l’angiome et l’existence d’une composante profonde.

Ces résultats doivent conduire à une surveillance prolongée de ce type d’hémangiomes et, éventuellement, à des traitements plus longs (6).

Le surpoids a ses responsabilités

Une très vaste étude de cohorte en Californie rassemblant près de 250 000 enfants a exploré la prévalence des dermatoses selon le poids. Les manifestations cutanées d’insulinorésistance, les infections bactériennes et fungiques, l’hyperhydrose et les lésions d’hidradénite sont plus fréquentes chez les obèses que chez les enfants de poids normal, tandis que les lésions liées à l’hyperandrogénie ou d’origine virale sont plus rares (7).

Surpoids et obésité sont également associés au psoriasis, sans que le lien chronologique entre la prise de poids et la dermatose soit bien établi. L’étude d’une cohorte d’enfants obèses atteints de psoriasis indique que pour 93 % d’entre eux, la prise pathologique de poids précédait de deux ans ou plus le psoriasis. Des adipokines ou d’autres cytokines pourraient être en cause dans les deux affections (8).

D’après la communication du Dr Patrice Plantin (Hôpital Laennec, Quimper)

(1) Mathes EF et al. Pediatrics. 2 013 ; 132 (1) : 149-57

(2) Hubiche T et al. Pediatr Infect Dis J. 2 014 ; 33 (4) : 92-8

(3) Lapeere H et al. J Med Entomol 2 014 ; 51 (2) : 400-7

(4) Bécourt C. et al. Br J Dermatol 2 013 ; 169 (4) : 931-3

(5) Rodó X et al. Proc Natl Acad Sci U S A 2 014 ; 111 (22) : 7 952-7

(6) Ahogo CK et al. Br J Dermatol 2 013 ; 169 (6) : 1 252-6

(7) Mirmirani P et al. Pediatric Dermatology 2014 ; 31 (2) : 183-190

(8) Becker L et al. JAMA Dermatol 2 014; 150: 573-4

Dr Brigitte Martin

Source : Le Quotidien du Médecin: 9378