Diabète de type 2 : convaincre !

Publié le 24/01/2013
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Crédit photo : PHANIE

SI LE PARAMÈTRE fondamental pour apprécier l’équilibre glycémique reste l’hémoglobine glyquée, l’autosurveillance glycémique représente un outil très utile chez certains patients. Comme le souligne le Dr Pierre Frances, « en quinze ans d’exercice, la population diabétique de type 2 s’est accrue de façon importante. Je fais le diagnostic de plus en plus tôt et les patients sont ainsi de plus en plus jeunes et ont donc plusieurs décennies de vie avec le diabète devant eux. Et c’est sans doute dans cette population de quadra ou quinquagénaires, qui travaillent, ont plein d’occupations et considèrent bien souvent le diabète comme peu important, que je crains le plus les complications inhérentes à une gestion aléatoire du trouble métabolique. Le rôle du médecin généraliste est absolument fondamental pour ces patients. Il faut leur faire comprendre l’intérêt d’une prise en charge correcte pour éviter les complications à long terme. Dans ma pratique, j’insiste toujours sur le risque d’amputation ou de cécité, qui sont très imagées et qui parlent aux patients. Un cas récent illustre bien l’importance du rôle du médecin dans la prise de conscience du risque de complications. J’avais vu il y a six mois un homme de 44 ans, précaire depuis peu en réinsertion, avec une glycémie à 2,6 g/l et je l’avais mis sous traitement antidiabétique. Il vient de revenir pour la première fois en consultation pour un autre motif, et la réalisation d’une glycémie au doigt retrouve un taux de 3,6 g/l. Cela m’a interpellé, car de toute évidence, je n’avais pas été assez convaincant sur la nécessité du suivi du traitement lors de notre première rencontre », estime le Dr Frances.

« S’il n’est bien sûr pas question de proposer une autosurveillance glycémique chez tous les patients, certains, notamment les plus " difficiles ", ceux qui ont du mal à gérer leur traitement ou ceux chez lesquels il est dur de cerner les habitudes alimentaires, comme bien sûr ceux qui passent sous insuline, peuvent en bénéficier. Ici, c’est un peu la campagne, tout le monde se connaît et j’oriente le patient vers l’infirmière, que je contacte de mon côté, poursuit le Dr Frances. L’essentiel est d’établir une relation de confiance, de voir comment ça se passe à la maison et surtout de dédramatiser. C’est particulièrement important lors du passage à l’insuline, souvent peu apprécié des patients, et pour lesquels il faut toujours être dans le positif. »

D’après un entretien avec le Dr Pierre Frances, médecin généraliste, Banuyls sur mer.

 Dr ISABELLE HOPPENOT

Source : Le Quotidien du Médecin: 9212