Le phénotype tumoral d’instabilité microsatellitaire (dMMR/MSI) est un marqueur reconnu de forte sensibilité à l’immunothérapie. La corrélation entre l’efficacité de ce traitement et la survenue d’effets indésirables (EI) immunomédiés, déjà observée dans plusieurs types tumoraux, restait à explorer pour ces tumeurs dMMR/MSI.
C’est chose faite avec une étude dans 34 centres en France, Italie, Espagne, États-Unis et Belgique, qui confirme à la fois l’apport de l’immunothérapie pour ces cancers digestifs avec instabilité microsatellitaire, mais également l’association entre ces EI graves et une meilleure survie ainsi qu’un taux de réponse tumorale plus élevé (1). « Avec un recul de 34 mois, 10 % des patients ont présenté un EI immunomédié de grade ≥ 3. Les plus courants étaient digestifs (33 %), hépatiques (17 %) et rhumatologiques (8 %) ainsi que des hypothyroïdites et des dermatites », indique l’un des coordinateurs, le Pr David Tougeron (CHU de Poitiers). Pour 86 % des patients, l’EI a été résolutif. 27 % ont repris l’immunothérapie, avec une récidive de l’EI dans 56 % des cas.
La survenue d’un EI de grade ≥ 3 était associée à une SSP plus longue (non atteinte contre 43,3 mois ; p = 0,002), un taux de réponse plus élevé (48 vs 34 %, p < 0,0001) et une tendance à une meilleure survie globale (médiane non atteinte contre 84,2 mois, p = 0,058).
Par conséquent, « reprendre l’immunothérapie après un EI immunomédié de grade ≥ 3 n’est pas recommandé, en raison de la bonne et durable réponse clinique et du risque élevé de récidive de ce même EI, résume le Pr Tougeron. Si la tumeur progresse, réintroduire l’immunothérapie est possible à condition que les EI n’aient pas été trop graves. Sinon, il faut envisager la chimiothérapie. »
(1) JFHOD 2025, C 151. Kauffmann C et al. Description et impact sur la survie des effets secondaires immunomédiés sévères dans les cancers digestifs dMMR/MSI traités par immunothérapie
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