«Etre nez n’est pas inné», plaisantent les auteurs au terme d’une expérience d’imagerie cérébrale menée chez des parfumeurs professionnels. Etre nez, c’est simplement une affaire d’entraînement, on peut imaginer les odeurs.
Avec une pratique intensive, le cerveau s’adapte et acquiert de nouvelles capacités. Chez les athlètes et les musiciens par exemple, des performances supérieures dans le domaine visuel ou auditif s’accompagnent de changements fonctionnels du cerveau dans des aires dédiées.
Evoquer en pensée l’odeur du pain grillé.
«Tout un chacun est capable de voir en pensée son appartement et de s’y promener virtuellement ou de fredonner mentalement un air apprécié. Mais peut-on évoquer en pensée l’odeur du pain grillé ou celle de la figue au point de sentir cette odeur? Ces effets peuvent-ils être généralisés à l’olfaction?», ont interrogé Jane Plailly, Jean-Pierre Royet et coll. (Centres de recherche en neurosciences de Lyon et Grenoble)
L’imagerie mentale olfactive est un exercice beaucoup plus difficile que l’imagerie mentale visuelle ou auditive et la majorité des personnes disent ne pas posséder cette capacité.
En revanche, les parfumeurs entraînés à reconnaître des odeurs simples ou complexes, exercés à créer de nouvelles odeurs en les imaginant et en les mélangeant, se déclarent capables de sentir une odeur en son absence de celle-ci.
Les chercheurs ont voulu savoir si le cerveau réagit de manière identique pour les odeurs qu’il le fait pour les autres perceptions sensorielles.
Ils ont réalisé des IRM fonctionnelles chez des étudiants de l’école de parfumerie de Versailles (ISIPCA) et chez des parfumeurs professionnels (une population rare, leur nombre n’excède pas 500 dans le monde et 120 si on prend la France et la Suisse). Ils ont comparé l’organisation spatiale des activations cérébrales chez les deux types de personnes.
Dihydromyrcénol, aldéhyde C 11,…
Placés dans l’IRM, les sujets étaient invités à s’imaginer mentalement des odeurs de molécules odorantes dont le nom apparaissait à l’écran : dihydromyrcénol, aldéhyde C 11, tripal, alpha-damascone, anthranylate de méthyle, acétate de linalyle… Des noms de substances qui faisaient partie de leur apprentissage de «nez».
Les résultats montrent que l’imagerie mentale olfactive active le cortex olfactif primaire (cortex piriforme) chez les personnes entraînées des deux groupes, «une zone cérébrale normalement stimulée lors de la perception», précisent les auteurs. Ceci prouve que des aires semblables sont activées pendant la perception et l’imagination des odeurs. L’imagerie mentale olfactive procède donc de la même façon que l’imagerie mentale visuelle ou auditive : par réactivation d’images olfactives via un processus cognitif interne. C’est notre propre cerveau qui génère cette sensation et dans ce cas, ce n’est pas en réponse à une odeur.
L’imagerie montre aussi que l’entraînement olfactif influence le niveau d’activation des neurones de l’imagerie mentale des odeurs. Plus le sujet est entraîné, plus l’activité des régions olfactives et mnésiques est faible. «Ainsi, quand le cerveau est entraîné, la communication neuronale se fait beaucoup mieux. Un message plus spécifique entraîne une réduction de l’activation.»
C’est une question que la science se pose depuis longtemps : est-on capable d’imaginer une odeur ? Cette étude en atteste, tout comme elle confirme ce que disent les parfumeurs, après un minimum de deux ans d’enseignement, auxquels s’ajoutent les années d’expérience. Ils perçoivent l’odeur comme s’ils la sentaient. «On peut se chanter des odeurs et les percevoir.»
Les parfumeurs travaillent d’abord dans leur tête en combinant les images mentales olfactives, avant de tenter le mélange avec les molécules odorantes et les huiles essentielles. L’enseignement consiste à apprendre plus de 300 odeurs (corps purs et huiles essentielles).
Human Brain Mapping, en ligne le 8 mars.
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