« La question de l’audition est en général largement traitée dans les congrès de médecine du travail. Mais, dans la majorité des cas, on se focalise sur les problèmes d’expositions au bruit et on s’intéresse plus rarement aux problèmes des acouphènes, de la presbyacousie ou des chocs acoustiques dans les centres d’appel téléphoniques. C’est la raison pour laquelle nous avons choisi de mettre ces thèmes un peu en avant lors du congrès de Lille », explique le Dr Nathalie Chérot-Kornobis, médecin du travail et responsable d’une consultation de pathologies professionnelles ORL au CHRU de Lille.
Le Dr Chérot-Kornobis insiste sur le fait que les acouphènes peuvent avoir des origines diverses. « Il peut y avoir une origine professionnelle, chez des personnes qui sont exposées à des bruits intenses ou qui sont victimes de chocs acoustiques. Mais il peut exister d’autres causes, notamment vasculaires. Ce qu’il faut surtout comprendre, c’est qu’un problème d’acouphènes, quelle que soit son origine, peut entraîner un problème au travail s’il n’est pas suffisamment pris en compte par le médecin du travail ou par l’employeur. Cela peut générer des problèmes d’agressivité, de repli sur soi voire de dépression ».
Le médecin du travail se doit donc d’être attentif à toute plainte d’un salarié dans ce sens, envisager un éventuel changement ou aménagement de poste et l’orienter vers une prise en charge adaptée. « Celle-ci est souvent longue, et dépend dans une large mesure de la capacité de la personne à prendre du recul par rapport à ses acouphènes. Cela peut passer par des psychothérapies de type comportemental ou l’utilisation de prothèses, qui génèrent du bruit, mais sont en général d’un coût élevé », indique le Dr Chérot-Kornobis.
La problématique est souvent un peu la même pour la presbyacousie. « Là aussi, cela peut être une source de handicap au travail chez des personnes qui ont parfois du mal à accepter cette situation. A partir d’un certain âge, les gens n’ont aucun problème pour accepter un problème de presbytie et porter des lunettes. Mais la presbyacousie reste plus difficile à vivre, tout comme le fait de porter un appareil auditif. Le coût de ces appareils reste aussi un obstacle », indique le Dr Chérot-Kornobis.
D’après un entretien avec le Dr Nathalie Chérot-Kornobis, médecin du travail, PH au CHRU de Lille.
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