Après une vaccination, les allergies immédiates de type IgE-médiées sont extrêmement rares (1 à 10 cas pour 1 000 000 de doses), selon de récentes études sur de nombreux vaccins (grippe, hépatite B, HPV, Sars-CoV-2…). Mais des manifestations cliniques post-vaccinales peuvent, pour certains patients, évoquer une allergie : on observe fréquemment des réactions locales et des réactions systémiques non anaphylactiques, immédiates ou retardées.
Les réactions vasovagales systémiques
Les principales manifestations d’une réaction systémique immédiate sont la fièvre, la fatigue, les maux de tête, l’urticaire, les éruptions cutanées, une possible réaction vasovagale (bradycardie, hypotension…) ou encore une réaction liée à l’anxiété (dyspnée…). « C’est ainsi qu’il faut bien distinguer une réaction anaphylactique, qui survient généralement dans les 30 minutes (sifflements, stridor, tachycardie, rougeurs, angiœdème, urticaire, crampes abdominales…), d’une réaction vasovagale (respiration normale, bradycardie, pâleur, sueurs, peau froide et moite, nausées, vomissements…), qui survient pendant ou juste après l’injection », décrypte le Dr Camille Braun (Hospices civils de Lyon).
S’agissant des réactions non immédiates, les manifestations cliniques sont plus rares, avec des symptômes cutanés, un état général altéré, des douleurs articulaires, etc.
Des réactions locales inflammatoires, parfois impressionnantes
La majorité des réactions locales sont la douleur, la rougeur, l’œdème. Elles résultent d’une inflammation non spécifique, et non d’une réaction allergique.
Le phénomène d’Arthus est une réaction inflammatoire cutanée (rougeur, douleur, nécrose) étendue, se développant dans les 6 à 12 heures suivant l’injection et régressant le plus souvent en deux à trois jours. Il s’agit d’une réaction d’hypersensibilité médiée par les IgG pouvant survenir chez des sujets hyperimmunisés par des injections antérieures de vaccin. « On peut aussi parfois observer un nodule sous-cutané, souvent associé aux vaccins contenant de l’aluminium. Son apparition est retardée (quelques jours à semaines après l’injection) et sa résolution souvent spontanée en un an, voire plus. Il ne réduit probablement pas l’immunisation », indique le Dr Camille Braun.
Des contre-indications rares
Outre les antigènes microbiens eux-mêmes, certains composants du vaccin peuvent être à l’origine d’une réaction allergique : composants résiduels du milieu de culture, conservateurs, adjuvants, stabilisants, surfactants, diluants…
Cependant, la quasi-totalité de ces allergies ne constituent pas des contre-indications à la vaccination.
L’allergie à l’œuf ne concerne que certains vaccins qui y sont cultivés : fièvre jaune, grippe, encéphalite à tiques. « Le vaccin contre la grippe peut être fait dans la majorité des cas au cabinet médical. Une surveillance médicale est nécessaire dans les cas rares d’anaphylaxie sévère à l’œuf. Pour les vaccins fièvre jaune et encéphalite à tiques, il faut adresser les patients à un allergologue », précise le spécialiste.
L’allergie à la gélatine n’empêche pas non plus la vaccination. « De nombreux vaccins n’en contiennent pas (pneumocoque, grippe, HPV, méningocoque, etc.) et, pour les autres, une alternative sans gélatine est souvent disponible (Priorix pour le ROR, Varilrix pour la varicelle, BCG-Medac pour la tuberculose). Sinon, on adressera à l’allergologue pour un test cutané préalable », préconise le Dr Braun.
Il n’y a pas de problème pour les allergiques aux antibiotiques : aucun cas en lien avec la présence de traces d’antibiotique dans les vaccins n’a été décrit.
Il est aussi possible de vacciner les enfants sous biothérapie, en anticipant la vaccination (avant la première injection) pour les vaccins vivants. Si besoin, on peut vacciner sous surveillance hospitalière.
Communication du Dr Camille Braun (Lyon)
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