LA DEMANDE de chirurgie esthétique est souvent empreinte d’ambiguïté, tant du côté des parents que de celui de l’enfant ou de l’adolescent : culpabilité, crainte de prendre une décision à la place de l’enfant pour les uns, peur du changement ou de la perte d’un signe identificateur pour les autres. Autant de dilemmes que le chirurgien doit identifier lors de la, ou des consultations préopératoires, aidé parfois en cela par le médecin qui adresse l’enfant et qui peut apporter un éclairage utile par sa connaissance de la famille. La question que le chirurgien a à se poser, observe le Dr Judith Hohlfeld n’est pas tant « peut-on réparer ce défaut », mais bien : « doit-on le réparer et à quel moment pour l’enfant. »
La gynécomastie est une bonne indication de chirurgie esthétique chez l’adolescent. Elle touche environ 65 % des garçons de 14 ans et est bilatérale dans 80 % des cas. Elle régresse spontanément dans 75 % des cas en 2 ans et dans près de 90 % des cas à 3 ans. Toutefois, les formes les plus sévères ont tendance à persister et l’intervention peut être proposée dans un délai d’environ un an, lorsque la régression spontanée n’a pas lieu.
Le bilan comporte un examen clinique, des dosages sanguins et une échographie testiculaire systématique. Une imagerie mammaire est demandée dans les formes unilatérales et/ou lorsqu’il existe un doute à la palpation.
Différentes méthodes chirurgicales sont disponibles, dont l’indication est fonction du type de gynécomastie, de l’existence d’une ptose, d’un excès cutané… L’intervention nécessite une hospitalisation de deux jours en moyenne. Le patient garde un pansement pendant 10 jours et doit porter un vêtement compressif durant un mois. Les activités sportives sont interrompues pendant 4 à 6 semaines. Le suivi postopératoire est fondamental ; il participe à la motivation des adolescents à reprendre une activité sportive et/ou à perdre du poids.
Oreilles décollées : au CP ou en 6e.
Autre motif fréquent de consultation en chirurgie plastique pédiatrique : les oreilles décollées. La demande de correction est généralement exprimée vers 6-7 ans au moment de l’entrée au CP (à cet âge les oreilles ont atteint 95 % de leur taille adulte) ou lorsque l’enfant intègre le collège, vers 10-12 ans (la croissance de l’oreille est alors terminée). La chirurgie est réalisée en ambulatoire sous anesthésie générale (l’anesthésie locale est délicate chez l’enfant de moins de 10 ans). L’intervention dure en moyenne une heure. Un pansement légèrement compressif réalisé en peropératoire avec un bandage type « œuf de Pâques » est maintenu jusqu’à l’ablation des fils entre J10 et J15. Pendant les 3 semaines suivantes, l’enfant garde un bandeau élastique souple pendant le sommeil. Les activités sportives doivent être interrompues pendant 45 jours. L’intervention est déconseillée en période pubertaire, du fait du risque majoré de cicatrices chéloïdes. Le résultat initial est évalué à J45 postopératoire ; un nouveau contrôle est programmé à 3 mois. Une retouche peut être envisagée en cas de résultat insuffisant.
Implants mammaires.
La pose d’implant mammaire fait l’objet d’une demande croissante depuis quelques années. Cette chirurgie se heurte à de nombreuses difficultés, de nature plus psychologique que purement physique. La puberté est en effet une période de particulière vulnérabilité émotionnelle, les adolescentes sont nombreuses à vouloir « tout, tout de suite » et les contraintes liées au geste chirurgical ne sont pas toujours bien acceptées. Par ailleurs, à cette période, le poids n’est pas stable et le volume du sein n’est pas définitif ; enfin le risque cicatriciel – cicatrices inflammatoires, voire chéloïdes – est majoré. Pour toutes ces raisons, nombre de chirurgiens conseillent d’attendre la fin de la croissance pour envisager la pose d’implants. Cette règle n’est toutefois pas absolue et la chirurgie peut être programmée plus tôt lorsque la patiente est en grande souffrance psychologique. La pose d’implants peut être prise en charge par l’assurance-maladie en cas d’hypomastie sévère (profondeur de bonnet A) et d’asymétrie mammaire.
D’après les communications des Drs Judith Hohlfeld (centre hospitalier universitaire vaudois, Lausanne), Christian Herlin (CHRU Montpellier), Guillaume Captier (CHRU Montpellier), et Véronique Duquennoy-Martinot (hôpital Roger Salengro, Lille).
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