Covid-19, an II, l’heure de séquelles

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Publié le 12/01/2022
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Vaccins, traitements, séquelles post-Covid-19… autant de sujets qui seront abordés lors de ce congrès CPLF. Après deux années de pandémie, les séquelles commencent à être mieux appréhendées et relèvent en réalité de multiples causes. Le point avec la Pr Claire Andréjak, pneumologue au CHU d’Amiens, responsable du groupe de recherche et enseignement en pneumo-infectiologie (Grepi) et coordinatrice de ce thème au congrès.

Des formations sont organisées pour les kinésithérapeutes qui souhaitent se spécialiser

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Crédit photo : phanie

L’année 2021 a été d’abord marquée par l’arrivée des vaccins anti-Covid. Ils ont changé la donne, en protégeant des formes graves et en limitant les hospitalisations. Ces vaccins (jusqu’à Omicron, pour lequel les données sont encore trop parcellaires) ont montré leur efficacité sur tous les variants et ce, une dizaine de jours après les deux doses. Toutefois, on constate que le taux d’anticorps a tendance à diminuer avec le temps, d’où l’intérêt de la dose de rappel (appelée à tort 3e dose). « Il ne faut pas parler de troisième dose mais de dose de rappel, car au bout de deux injections, le schéma vaccinal est bien terminé. L’immunité est déjà là, et les injections qui suivent ne font que la rebooster. C’est d’ailleurs très rapide : 24 heures après, les anticorps sont déjà au plafond, souligne la Pr Claire Andréjak (Amiens). D’ailleurs, rares sont les vaccins où une seule dose suffit. » La SPLF a élaboré un guide très pratique sur la vaccination anti-Covid.

Concernant les traitements contre le Sars-Cov-2, les anticorps monoclonaux ont révolutionné les soins. Ils sont efficaces contre la majorité des variants sauf, malheureusement, contre Omicron. Quant aux antiviraux, ils doivent être donnés le plus tôt possible : molnupiravir et paxlovid (en cours d’évaluation).

Symptômes persistants

Certains patients Covid + guéris se plaignent de divers symptômes persistants qu’ils rattachent à cette infection : oppression, douleur thoracique, sensation de dyspnée, essoufflement, toux, fatigue, anxiété, palpitations, vertiges, troubles de l’attention… « Le lien est chronologique mais pas forcément causal, insiste la Pr Andréjak. Une étude récente (1) a d’ailleurs bien montré l’importance des croyances concernant la cause de ces symptômes, qui influencent sur leur perception. Les symptômes prolongés plusieurs mois sont le plus souvent associés au fait de croire avoir été infecté. La part psychologique est très importante. Toutefois, certains patients peuvent réellement en garder des séquelles respiratoires. Dans d’autres cas, on peut aussi découvrir une pathologie préexistante : BPCO, cancer du poumon, apnée du sommeil… »

La SPLF a proposé deux guides de prise en charge de ces patients : un guide pour le suivi respiratoire des patients ayant présenté une pneumonie à Sars-CoV-2 (mai 2020) et un guide pour la prise en charge des séquelles respiratoires d’une pneumonie à Sars-CoV-2 (2021).

Devant un patient souffrant de symptômes prolongés au décours d’un Covid-19, il faut d’abord éliminer une complication de la phase aiguë, une décompensation de comorbidité et une autre cause que le Covid-19.

Chez un patient ayant fait une infection à Sars-CoV-2, une prise en charge globale, y compris psychologique, doit être proposée, en sus de la prise en charge spécifique.

Enfin, un déconditionnement à l’effort peut être observé, surtout si l’hospitalisation a été longue. Les patients doivent alors bénéficier d’une réhabilitation respiratoire avec un réentrainement à l’effort par un kinésithérapeute spécialement formé.

Syndrome d’hyperventilation

Le syndrome d’hyperventilation (SHV) semble aussi être particulièrement fréquent dans le cadre des dyspnées chroniques constatées à distance d’une infection à Sars-CoV-2. Il se caractérise par de nombreux symptômes somatiques, induits par une ventilation inappropriée, et nécessite une rééducation ventilatoire adaptée. « Ces patients essoufflés ont un bilan normal, mais ils sont très gênés. Ils se mettent à hyperventiler dès le début de l’exercice. Ce sont plutôt des patients relativement jeunes, qui n’ont pas eu forcément des formes sévères et qui étaient très actifs », explique la Pr Andréjak.

Le dépistage et la rééducation précoce du SHV sont essentiels pour en limiter les conséquences. Une prise en charge par des kinésithérapeutes experts en pathologie respiratoire, associée à un soutien psychologique, permet d’améliorer les patients. « Tous les kinésithérapeutes ne sont pas formés pour faire cette rééducation. Dans cette optique, le Groupe kinésithérapie de la SPLF organise des formations pour les kinésithérapeutes sur la prise en charge des patients ayant un SHV », indique la Pr Andréjak.

Enfin, certains patients, surtout s’ils ont eu une forme très sévère, peuvent développer une fibrose pulmonaire à distance de l’infection. C’est une complication rare ; une étude est en cours pour évaluer l’efficacité du nintedanib dans ces conditions.

Exergue : Il ne faut pas parler de troisième dose mais de « dose de rappel »

(1) Matta J et al. Association of self-reported Covid-19 infection and Sars-CoV 2 serology. Test results with persistant physical symptoms among French adults during the Covid-19 pandemic. JAMA 1er janvier 2022 ;182 (1):19-25

Dr Christine Fallet

Source : Le Quotidien du médecin