La Dr Caroline Maindet (Grenoble), médecin coordonnateur de l’étude Thermalgi, décrit une pathologie extrêmement invalidante qui touche préférentiellement les femmes (rapport de 8/1). Ses caractéristiques : des douleurs musculotendineuses migrantes et fluctuantes auxquelles s’ajoutent une fatigue intense, des troubles du sommeil et des symptômes cognitifs et somatiques très variés. Ce qui en fait toute sa sévérité. « Cette pathologie n'a pas été reconnue pendant longtemps », souligne la Dr Maindet. L’American Collège of Rhumatologie a défini dès 1990 des critères diagnostiques dont la dernière révision date de 2016.
Un diagnostic exclusivement clinique
Le praticien peut s’aider de questionnaires de dépistage (FIRST et FIBRODETECT). Aucun examen complémentaire ne permet d’expliquer ces symptômes invalidants, ce qui favorise un certain « nomadisme médical » chez ces patients souvent incompris par leur entourage et le corps médical et en recherche permanente de solutions adaptées. Un élément déclenchant est souvent à l’origine des premiers symptômes (phénomène infectieux, traumatisme cervical). Des facteurs dits pérennisant (hyperactivité, travail répétitif et peu valorisant, catastrophisme) ont été observés. Des pistes génétiques, hormonales, psychologiques, ou environnementales sont à l’étude. La nouvelle Classification internationale des maladies (CIM 11) de mai 2019, classe la fibromyalgie dans les douleurs chroniques primaires de type nociplastique.
Parce que l’on connaît encore peu les mécanismes en cause dans la fibromyalgie, les traitements médicamenteux offerts aux malades sont purement symptomatiques. Aucune molécule ne bénéficie en France d’une AMM dans cette indication. Dans ses recommandations, l’EULAR propose « une prise en charge personnalisée, une approche graduée avec prise de décision partagée avec les patients, multidisciplinaire, où les thérapeutiques non médicamenteuses sont prescrites en première intention ». L’exercice physique représente ainsi l’option de première intention formulée officiellement pour cette pathologie. « Son efficacité thérapeutique est reconnue dans la fibromyalgie », souligne la Dr Maindet . Le CHU de Grenoble a, depuis plusieurs années, mis en place un programme d’entraînement/rééducation à l’effort pour les patients fibromyalgiques. Mais la prise en charge du patient ne peut se résumer à l’exercice physique et se doit d’être plus globale en raison de la multitude de symptômes.
Les preuves du thermalisme
La revue de la littérature fait état de plusieurs études qui ont démontré l’efficacité du thermalisme dans les fibromyalgies. Des résultats qui nécessitent cependant d’être confirmés par des études avec un niveau de preuves plus élevé.
C’est grâce au succès de l’appel d’offres de l’Association française pour la recherche thermale (AFRETh) et après validation par son conseil scientifique, qu’une nouvelle étude intitulée Thermalgi a été réalisée pour évaluer l’efficacité des cures thermales dans la prise en charge de la fibromyalgie, dans ses formes modérées à sévères. Cette étude multicentrique (Nantes, Paris, Amiens, Grenoble, Montpellier, Boujan-sur-Libron, Aix-les-Bains, Lyon et Nîmes) a impliqué 5 établissements thermaux (Allevard, Uriage, Aix-les-bains, Lamalou-les-Bains et Bourbon-Lancy). Elle a été conçue par le centre d’investigation clinique du CHU de Grenoble et l’équipe Thémas du Laboratoire TIMC IMAG UMR 5 525 CNRS représentée par le Pr Jean-Luc Bosson. Plus de 200 patients ont été recrutés dans toute la France. La randomisation s’est faite selon un protocole précis avec cure immédiate versus cure différée. Les soins étaient ceux habituellement prescrits pour les cures rhumatologiques (soins de mobilisation en piscine, massage sous affusion d’eau, applications de boue, douches et bains). Le critère principal était l’amélioration de la qualité de la vie (FIQ : Fibromyalgia Impact Questionnaire) et les critères secondaires incluaient l’amélioration de la douleur, des troubles du sommeil et de l’état dépressif pour ne citer que certains d’entre eux. Un suivi a été réalisé à 3, 6, 9 mois puis à an. Les résultats définitifs, très attendus par la communauté scientifique, devraient être connus prochainement.
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