Que reste(ra)-t-il de nos amours ?

Des machines à la frontière de l'humanité

Par
Publié le 23/04/2019
Article réservé aux abonnés

David Levy (« Love and Sex with Robot ») prédisait que les humains auraient des relations intimes avec les robots d'ici 2050, non seulement pour le sexe mais aussi pour l'amour, l'amitié et le mariage. Est-ce possible ? « Il faut sortir de nos certitudes. L'amour n'est pas uniquement une propriété humaine », affirme Olivier Nérot, docteur en sciences cognitives. Il semble bien que l'histoire de la sexualité puisse lui donner raison.

À partir des grands singes, puis des hominidés, le comportement sexuel inné voué à la reproduction, a évolué vers des comportements acquis, du fait de la corticalisation et du développement des circuits de la récompense. Or les hommes ayant eu des relations avec des robots ont trouvé ça agréable… On sait aussi que les enfants et les personnes âgées atteintes d'Alzheimer montrent de l'attachement à des petits chats robotisés et, dans une étude menée chez les enfants ou adolescents, la majorité pense que le robot humanoïde est un être social susceptible d'intelligence et d'émotions.

Et l'amour n'est-il pas dépendant de l'ocytocine ? « Chez l'être humain, l'attachement peut se développer envers tout objet procurant des sensations, des émotions ou des cognitions positives. Il est tout à fait possible d'aimer un humanoïde », déclare la Dr Carole Burte, sexologue à Draguignan. Cela reste actuellement de la science-fiction, très exploitée par le cinéma, mais pour combien de temps ? Les progrès technologiques permettent aux robots d'entretenir une conversation, de faire de l'humour et de mimer des états émotionnels. La science fait peu à peu tomber les frontières entre le sensible et le performant, le naturel et l'artificiel, le vivant et l'inerte, le créatif et le programmable. « Entre la mécanisation de l'humain et l'humanisation de la machine, ces cyborgs sexuels constituent des miroirs reflétant le continuum entre les deux », conclut Olivier Nérot.

Dr Maia Bovard-Gouffrant

Source : Le Quotidien du médecin: 9743