Sur cette période, 564 975 nouveaux cas ont été diagnostiqués, d’où une incidence moyenne annuelle de 47 081 cas, en augmentation. La mortalité toutes causes s'établissait à 20 259 décès par an, dont 7 265 liés spécifiquement au cancer. Les patients métastasiques d'emblée représentaient 4,6 % des cas incidents. « La croissance, tant de la prévalence que de l'incidence du cancer de la prostate, au cours de la dernière décennie, est réelle mais inégale entre les régions », nuance le Dr Hugo Crépin, urologue (CHRU de Tours), qui a réalisé cette étude. Avec, par exemple, une dynamique de croissance plus importante dans les Pays de la Loire et la Nouvelle-Aquitaine, qui ont enregistré des augmentations allant de 6 à 12 %, ou encore en Martinique (+ 76 %) et en Guadeloupe (+ 104 %).
Des disparités concernant la surmortalité spécifique ont aussi été constatées, allant de +10 % à +46 % dans des régions les plus touchées telles que la Normandie, les Hauts-de-France, la Bretagne, le Centre-Val de Loire et les DROM. Les facteurs de risque de mortalité globale ou spécifique étaient un âge supérieur à 60 ans, une augmentation de l’indice de comorbidité, et la présence de métastases dès le début de la maladie, ainsi que la précarité, l'accessibilité aux soins et l'affiliation au régime agricole. Même après ajustement des données en fonction de ces facteurs de risque, une surmortalité spécifique persiste dans les Hauts-de-France et en Bretagne, respectivement de +19 % et +18 %, soulevant des questions sur les facteurs environnementaux ou de soins dans ces régions.
Pas de lien entre hypogonadisme et récidive biologique
Toujours dans le cancer de la prostate, l’étude Androcan a mis fin à une controverse concernant l'impact de l’hypogonadisme biochimique sur l'émergence et la progression du cancer de la prostate localisé. L'étude (juin 2013- juin 2018, 1 318 hommes de 50 à 60 ans inclus) visait à comparer les caractéristiques pathologiques et la récidive biologique à cinq ans post-prostatectomie, en fonction du statut gonadique évalué par la testostérone totale et biodisponible. « Les cancers avec hypogonadisme présentent une agressivité histologique plus marquée, ce qui devrait par conséquent impacter la récidive biologique et, par extension, la mortalité. Mais, au final, dans notre étude multicentrique, aucune corrélation n’apparaît entre l'hypogonadisme et la récidive biologique », explique le coordinateur de l’étude, le Pr Yann Neuzillet (hôpital Foch, Suresnes). Les recherches vont se poursuivre, notamment en mesurant la testostéronémie intra-prostatique plutôt que plasmatique.
À quand des études comparatives avec les thérapies focales ?
Concernant les traitements ciblés des cancers de la prostate (ultrasons focalisés de haute intensité – ou HIFU –, cryothérapie, curiethérapie, micro-ondes, électroporation, etc.), « il est impératif qu’elles soient enfin comparées aux thérapies radicales, plaidait le Dr Éric Barret (Institut Mutualiste Montsouris, Paris) au cours d’un état de l’art dédié à ces thérapeutiques. De plus, le succès de cette option prometteuse dépendra principalement de la capacité à repérer la lésion et à la détruire de manière intégrale, et pourquoi pas jusqu’au stade ISUP 3, à la condition d’une évaluation et de bilans d'extension appropriés ». À propos des ultrasons focalisés de haute intensité spécifiquement, l’étude HIFI-2 a examiné en prospectif et en ouvert leurs performances dans le traitement de rattrapage en cas de récidive biologique après une radiothérapie initiale pour le cancer localisé de la prostate. À 30 mois, 72 % des patients avaient pu se passer de traitement hormonal, avec une survie globale de 96,7 % et un décès spécifique. Ce résultat sur la survie post-HIFU doit cependant être nuancé en fonction du PSA.
Enfin, la toute nouvelle technique d'ablation focale par micro-ondes (TMA : Targeted Microwave Ablation) a fait preuve, dans l’étude de phase 2 Violette française présentée au CFU 2023, d’une tolérance urinaire et sexuelle satisfaisante chez les patients présentant un cancer localisé de la prostate à risque intermédiaire. Les résultats carcinologiques sont attendus.
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