Rétention chronique d’urine, mieux sélectionner les candidats à la neuromodulation sacrée

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Publié le 11/01/2024
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Si la neuromodulation sacrée peut être une alternative aux sondages dans certains cas, son efficacité dépend largement du profil du patient. Le projet Neuronet a permis d’identifier certains facteurs prédictifs de succès, avec à la clé le développement d’un outil d’aide à la décision.

Chez des patients mal ciblés, la neuromodulation peut être décevante

Chez des patients mal ciblés, la neuromodulation peut être décevante
Crédit photo : PHANIE

Les auto-sondages propres intermittents sont la modalité de référence dans la rétention chronique d'urine, en dépit d’une acceptation moyenne. « Il est parfois nécessaire de considérer d'autres alternatives, explique le Dr Xavier Biardeau (CHU de Lille), en particulier la neuromodulation des racines sacrées (NS), laquelle présente toutefois une grande variabilité dans son taux d'efficacité, oscillant entre 32 % et 100 %. Car toute la problématique est d’opérer une sélection pertinente des patients. » Une étude française, publiée en octobre 2023 et présentée à l’AFU par son coordinateur, le Dr Biardeau, s’appuie sur la plus vaste cohorte internationale consacrée à la NS dans le contexte de rétention chronique d’urine. Réalisé dans le cadre du projet Neuroret, ce travail avait pour objectif final de concevoir un outil prédictif pour l'implantation de la NS. Elle a inclus 357 patients provenant de 11 centres hospitaliers et universitaires français, sur la période 2000-2021. Le critère de succès – le taux d'implantation définitif – a été atteint dans près de 60 % (58,8 %) des cas. Cette étude a permis d’identifier des facteurs prédictifs de succès, qui correspondent finalement à ce que beaucoup d’urologues constatent en pratique.

« Quatre facteurs prédictifs de succès indépendants ont donc été identifiés, énumère le Dr Biardeau, notamment l'âge (≤ 52 ans), le sexe (féminin ; OR = 2,62), la pression de clôture urétrale maximale (≥ 70 cmH2O ; OR : 2,36) et l'absence de maladie neurologique périphérique (OR = 2,25). En combinant ces facteurs, nous avons établi 16 profils de réponse avec des taux d'implantation définitifs distincts, allant de 8,7 %, dans le cas le moins favorable, à 81,5 %. La validation interne a montré une bonne valeur de discrimination du modèle. Cela nous a permis de développer un outil prédictif disponible en ligne. » Un travail est en cours pour le valider sur une cohorte externe. « Faute d’outil prédictif, il n'est pas rare que les urologues et les patients soient déçus de la NS. Bientôt, avec la validation de cet outil, nous serons en mesure de dire avec plus de confiance si un patient est susceptible de répondre à la NS, ou inversement, s'il est moins probable que cela fonctionne. Cela fait partie intégrante du processus de décision médicale partagée. »


Source : lequotidiendumedecin.fr