Ils sont une vingtaine, des académiciens, médecins, chercheurs, à s’être envolés pour Rio fin avril. Avec un objectif en tête : présenter la médecine française sous ses plus beaux atours.
« Des praticiens français opèrent partout dans le monde, et personne ne le sait à part un étroit microcosme. Nous sommes là pour véhiculer une autre image de la France », a déclaré Pierre Joly, président d’honneur de la fondation de l’Académie nationale de médecine, lors d’une réception au consulat de France.
Deux jours durant, experts médicaux français et brésiliens ont croisé leurs vues et échangé sur leurs pratiques. La fondation de l’Académie de médecine compte renouveler l’événement dans d’autres pays, afin de créer des ponts, et valoriser la médecine française.
La France peine peut-être à « vendre » son système de santé, mais les médecins du monde entier continuent de s’y presser en stage. L’institut Gustave Roussy, à titre d’exemple, a formé 33 spécialistes brésiliens en oncologie depuis l’an 2000. « Le fardeau mondial du cancer va s’alourdir d’ici à 2030, particulièrement dans les pays comme le Brésil dont la population jeune va vieillir, observe Alexander Eggermont, directeur général de Gustave Roussy. On ne peut pas se préparer à ce défi avec un système hospitalier cher, et qui déraille. S’inspirer de la France peut être utile ».
Formation sur robot
D’autres médecins ont pris le relais pour vanter le savoir faire bleu blanc rouge. Le Strasbourgeois Jacques Marescaux a présenté la chirurgie du futur, et la place grandissante de la robotique. La structure qu’il dirige, l’IRCAD, ouvre une antenne au Brésil. Des bataillons de chirurgiens sud-américains se feront la main dans ce bloc expérimental, « merveille architecturale ».
Le Dr Fernando Vaz, célèbre urologue brésilien, a visité l’IRCAD à Strasbourg. Ses jeunes confrères veulent tous se former sur robot. D’une autre génération, le Dr Vaz doute de l’intérêt de la robotique dans certains cas, faute de comparaison sérieuse avec la chirurgie classique. Surtout, l’heure de la démocratisation n’a pas sonné au Brésil, qui ne dispose que de dix centres de chirurgie robotique. Le fossé avec la France, ou les États-Unis, est béant.
Éric Stindel, orthopédiste au CHU de Brest, s’est employé à démontrer combien son métier a changé. De la scie, l’orthopédiste est passé à l’ordinateur, pour élaborer une chirurgie personnalisée selon l’anatomie de chacun. L’avenir, il l’imagine avec des prothèses truffées de capteurs, capables de s’auto-adapter selon la tension des ligaments durant l’activité physique.
Le Brésil prendra-t-il le train en marche ? Les médecins brésiliens, excellemment formés, ne demandent que cela. Mais le service public de santé souffre d’un sous-financement tel, que ces progrès ne peuvent qu’accentuer une médecine d’ores et déjà à multiples vitesses.
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