Alors que Marisol Touraine doit convoquer demain la presse pour faire un nouveau point sur les pilules contraceptives de troisième génération, la Fédération des médecins de France (FMF) fait part dans un communiqué de son intention de « porter plainte contre l’ANSM » (Agence nationale de sécurité du médicament) pour « demander le retrait d’AMM de ces pilules ». Il s’agit en fait d’une procédure de saisine auprès du directeur général de l’agence - en cours de validation par le conseil d’administration du syndicat - afin d’obtenir au moins la « suspension » du produit au nom du principe de précaution, comme le prévoit le code de la Santé publique, précise au « Quotidien » Me Fabrice Di Vizio, avocat qui représente la FMF dans cette démarche.
« On s’appuie également sur le fait qu’il y a une plainte déposée (par une patiente) et sur le fait que le ministère reconnaît d’une certaine façon le caractère dangereux de la pilule de troisième génération puisqu’il anticipe son déremboursement » total, détaille Me Di Vizio. « On soutient que ce déremboursement ne peut pas être la solution face à une suspicion de danger. La seule possibilité qui doit prévaloir, c’est la suspension » de commercialisation du produit, poursuit-il.
Deux mois pour réagir
Une fois saisi le directeur général de l’agence, Dominique Maraninchi, qui dispose d’une compétence exclusive pour décider d’un retrait de produit, aura deux mois pour se prononcer. « En cas de réponse négative ou d’absence de réponse, nous aurons la possibilité de saisir le juge administratif d’une procédure en urgence pour faire suspendre la décision du directeur et que ces effets soient anéantis le temps que le juge statue sur le fond », explique Me Di Vizio.
En d’autres termes, selon l’avocat, un juge pourrait ainsi être amené à statuer sur une suspension provisoire de l’AMM des pilules 3G dans l’attente de données complémentaires. « La FMF engage cette procédure afin d’obliger l’ANSM à argumenter clairement sa position au lieu de jouer à la politique du parapluie en laissant en première ligne chaque professionnel de santé au moment où des patientes portent plainte », souligne le syndicat.
Communication désastreuse
« On dénonce la communication désastreuse de l’ANSM » autour des pilules 3G « qui inquiète inutilement les patientes », déclare au « Quotidien » le Dr Jean-Paul Hamon, président de la FMF. « On dénonce également l’attitude du ministère qui n’a fait que conforter les propos alarmistes du directeur de l’ANSM », lequel n’a « pensé qu’à protéger son agence », considère le président de la fédération. « Ce qui est grave pour un directeur d’agence, c’est de méconnaître complètement le dossier car dans sa première communication – il a heureusement fait marche arrière depuis – il envisageait d’interdire aux médecins généralistes de prescrire une pilule qu’ils ne prescrivaient déjà pas », évoque-t-il.
Les médecins livrés à eux-mêmes
Au final, « on ne protège absolument plus les médecins dans leurs prescriptions puisque tout le monde se désengage, laissant une fois de plus les professionnels seuls » face aux interrogations des patientes, ajoute-t-il. « Dans nos cabinets, nous recevons aujourd’hui de nombreuses femmes que nous devons rassurer et que nous incitons à continuer à prendre une pilule contraceptive quand il y a un risque incontestable de grossesse », constate le Dr Hamon qui espère des déclarations fortes du gouvernement et de l’agence de sécurité du médicament.
« On attend qu’ils prennent leurs responsabilités, qu’ils clarifient leur position et rappellent que la contraception n’est pas un acte banal. La contraception est une chose sérieuse qui est prescrite à la fois par les médecins généralistes et les gynécologues. Les uns et les autres sont particulièrement bien informés des risques de la pilule (de troisième génération) depuis maintenant plus de 10 ans », indique-t-il. « Cette conférence de presse est bien vue. Je pense qu’on aurait pu commencer par ça et répondre à toutes les questions qui se posent sans inquiéter légitimement les femmes, comme ils le font actuellement », conclut le président de la FMF.
– Lire notre dossier « Contraception : les pilules 3G sur la sellette »
Article précédent
Marisol Touraine veut restreindre les indications des pilules 3G
Article suivant
Pilule de 3e génération : l’ANSM écarte l’idée de restreindre la prescription aux spécialistes
L’Europe confirme son avis positif sur les pilules de 3e et 4e génération
Pilule de 2e et 3e génération, Diane 35 : l’ANSM prête à sévir en cas de dérapage
L’Agence européenne rend un avis favorable aux pilules de 3e et 4e génération
Pilule 3G : nouvelle plainte déposée par une jeune femme
Marisol Touraine veut mieux encadrer les prescriptions
Marisol Touraine veut restreindre les indications des pilules 3G
Pilule 3G, la FMF met la pression sur l’ANSM pour l’obliger à clarifier sa position
Pilule de 3e génération : l’ANSM écarte l’idée de restreindre la prescription aux spécialistes
Pilule 3G : Martin Winckler fait la morale aux médecins français
Clarifier la place des pilules de 3e génération
Quand Xavier Bertrand vantait la pilule de troisième génération
Pilules de 3e génération : les jeunes fous furieux contre l’Agence du médicament
Pilules de 3e génération : la plainte d’une patiente précipite le déremboursement
Première plainte contre une pilule de 3e génération après AVC
Un risque mineur d'infarctus sous pilule de 3e génération
Dans la cholécystite, la chirurgie reste préférable chez les sujets âgés
Escmid 2025: de nouvelles options dans l’arsenal contre la gonorrhée et le Staphylococcus aureus
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité