Les candidats au cumul emploi-retraite découragés

La CARMF en appelle au sommet de l’État

Publié le 26/05/2009
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LE NIVEAU des charges sociales appliquées aux médecins retraités qui continuent d’exercer les dissuade vite de poursuivre l’expérience voire simplement de la tenter. La Caisse autonome de retraite des médecins de France (CARMF) le constate quand, refusant des demandes de dérogations formulées pour ses propres cotisations, elle comprend qu’elle décourage ce faisant nombre de candidats au cumul emploi-retraite (mais aussi des médecins non retraités – salariés, étudiants, inactifs… – souhaitant travailler en libéral de manière très épisodique).

Contrairement à ce que pensent facilement les médecins, la CARMF n’a pratiquement pas la main sur la modulation de ses cotisations. Et si celles qu’elle exige sont parfois supérieures au revenu que tirent les « cumulards » de leur activité réduite, elle n’y peut pas grand-chose. Tout changement est au mieux réglementaire (il y faut un décret ou un arrêté). De fait, plusieurs propositions d’allégement ont été faites par son conseil d’administration et transmises aux pouvoirs publics… sans suite. La caisse milite par exemple depuis plusieurs années pour un seuil d’affiliation appliqué aux exercices qu’on ne peut pas qualifier d’ « activité professionnelle réelle », elle suggère également que le revenu de référence du calcul soit le revenu professionnel concerné par la cotisation (et non l’ensemble des revenus du couple, par exemple), elle demande qu’il puisse y avoir des tranches d’abattement et d’exonération pour les bas revenus dans les régimes à cotisation forfaitaire (l’ASV, en particulier). Il y a huit ans, elle a inventé une sorte de chèque emploi-service pour les bas revenus, refusé par le ministère ; elle l’a ressorti de sa poche il y a six mois… Pas de réponse.

Las de ne rien voir déboucher et, pire, de ne pas parvenir à avoir l’oreille des différents services de l’État auquel il a affaire, le président de la CARMF, le Dr Gérard Maudrux, a pris la plume pour en appeler à l’intervention du plus haut sommet de l’État. Il a écrit au président de la République et au Premier ministre, leur expliquant concrètement, au fil de deux pages, que l’immobilisme en la matière a pour absurde conséquence en ces temps de pénurie médicale que « toutes les semaines, des confrères ne remplacent plus après leur première tentative, et demandent leur radiation », que « d’autres à activité réduite ferment leur cabinet » et que « les retraités sollicités par les centres 15 pour l’accueil téléphonique refusent d’occuper des postes cruellement vacants, les charges étant supérieures au revenu… » Le système, accuse le Dr Maudrux, « décourage totalement » toutes les bonnes volontés. Le président de la CARMF ne fait pas de cadeaux aux pouvoirs publics, expliquant que les rares fois où ils ont agi (en modifiant à plusieurs reprises puis en supprimant totalement le plafond des revenus dans le cadre du cumul), ils se sont trompés de levier. À Nicolas Sarkozy et à François Fillon, il demande tout simplement de l’aider « à vaincre l’inertie administrative ».

 KARINE PIGANEAU

Source : lequotidiendumedecin.fr