Le NHS largement dépendant des soignants européens 

Publié le 11/02/2019
Article réservé aux abonnés
bma

bma
Crédit photo : AFP

Majoritairement hostiles au Brexit, les médecins britanniques, par la voix de leur principale organisation professionnelle, la British Medical Association (BMA), redoutent « le chaos qui risque de survenir le 29 mars ». Ils réclament la tenue d’un second référendum « maintenant que les enjeux du Brexit sont clairs pour toute la population ».

Dès l’été 2018, la BMA a jugé que le Brexit constituait en soi une « menace grave » pour le système de santé britannique (NHS), en raison du grand nombre de praticiens et de paramédicaux européens qui contribuent à son fonctionnement. Le risque de problèmes d’approvisionnement de médicaments a également été avancé. La profession s’inquiète par ailleurs des conséquences du Brexit sur certains programmes de recherche médicale, de sécurité alimentaire, de santé publique et de pharmacovigilance.

Selon le « Conseil médical général » (GMC), autorité comparable à l’Ordre national des médecins, 22 000 praticiens (sur 185 000 exerçant au Royaume-Uni, essentiellement dans le cadre du NHS), sont des citoyens de l’UE, soit 11,6 %. Ils sont majoritairement irlandais, grecs, roumains, italiens et allemands. Même en cas de sortie sans accord, ces médecins devraient bénéficier d’un délai – jusqu’à fin 2020 – pour être « régularisés ». Le risque est toutefois de devoir se plier à de fastidieuses formalités. Le GMC a souligné que ces médecins sont « indispensables au fonctionnement du NHS ».

Or, selon une enquête de la BMA, 35 % de ces médecins étrangers envisagent déjà de quitter le Royaume-Uni en raison du Brexit car ils n’ont plus confiance en leur avenir. Et 78 % des médecins « UE » se disent « inquiets » des négociations. En outre, si les étudiants de l’Union sont assurés de pouvoir finir leurs études outre-Manche, personne ne sait ce qu’il adviendra demain de la reconnaissance mutuelles automatique des diplômes. 

Last but not least, une chute de la livre pourrait renchérir le coût des médicaments importés. 

 

Denis Durand de Bousingen

Source : Le Quotidien du médecin: 9723