Les syndicats unanimes dans la critique

Publié le 13/06/2019
Jérôme Marty

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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

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Crédit photo : S. Toubon

Jean-Paul Hamon

Jean-Paul Hamon
Crédit photo : S TOUBON

Jean-Christophe Calmes

Jean-Christophe Calmes

Dr Jean-Paul Ortiz* : «détection inopérante»

« Le circuit actuel de détection des médecins dangereux n’est pas opérant. Aucun cours sur la relation interpersonnelle ou psychosociale, ni sur le management d’équipe n’est dispensé lors de la formation initiale. Aucune grille de lecture des dérives dans la pratique n’est appliquée. Aucune obligation légale de signalement des confrères à risque n’existe, à la différence de ce qui s’applique en Espagne, avec le dispositif Galatea en Catalogne, où le signalement anonyme est la règle stricte de bonne confraternité. En fait, nous ne disposons de rien de tangible pour les confrères qui refusent d’être pris en charge. On ne traitera vraiment le sujet qu’en instaurant un mécanisme de recertification qui s’attachera en particulier au profil psychologique des praticiens. » 

* président de la CSMF

Dr Jean-Paul Hamon* : «sous-déclaration manifeste»

« Nous sommes en présence d’une sous-déclaration manifeste d’une question ô combien délicate : quels critères de dangerosité prendre en compte ? Quelles plaintes de patients sont recevables ? Et quelles plaintes de médecins ? N’y a-t-il pas un risque de cabales et de règlements de compte ? Le diplôme de médecin donne le droit de tout faire, y compris de tuer et on se contente, lors de l’inscription au tableau de l’Ordre, d’un entretien purement formel et généralement amical. Est-ce que c’est suffisant ? Est-ce qu’on peut s’en contenter ? »

* président de la FMF

Dr Jérôme Marty : «aucune évaluation psychologique»

« La longueur et la difficulté des études médicales provoquent des décompensations chez les étudiants fragiles, mais aucune évaluation psychologique n’est prévue à l’issue de la formation initiale. C’est d’autant plus dommageable que nous exerçons une profession à risque, soumise à des cadences infernales et à des responsabilités énormes. De surcroît, les soignants se soignent mal eux-mêmes, ils ne bénéficient d’aucun suivi médical et d’aucun dispositif qui leur permette de lever le pied quand ils n’en peuvent plus. Le dispositif actuel, en ne traitant qu’une cinquantaine de cas par an est manifestement insuffisant. Il y a des trous dans la raquette.»

* président de l'UFML

Dr Jean-Christophe Calmes* : «La difficulté est de traiter la souffrance des soignants»

« Si l’évaluation de la capacité professionnelle est bien cadrée, toute la difficulté aujourd’hui reste de traiter la souffrance des soignants, qui est sous-évaluée en France et qui peut entraîner des névroses et parfois favoriser des psychoses. Dans les cas extrêmes, l’hospitalisation d’un médecin à la demande d’un tiers doit être envisagée, aussi difficiles que soient les situations sur le plan confraternel. Aujourd’hui, le repérage des pathologies n’est effectué ni durant les études, ni lors de la délivrance du diplôme, on ne peut pas grand-chose jusqu’à la survenue d’événements indésirables. »

* secrétaire général adjoint MG France

propos recueillis par Ch. D.

Source : Le Quotidien du médecin: 9757