Tropisme respiratoire oblige, le SARS-CoV-2 a largement capté l’attention des pneumologues cette année. Mais 2020 aura aussi été marquée par quelques bonnes nouvelles en pneumologie, notamment dans l’asthme. À commencer par la publication, au fil des mois, de données plutôt rassurantes quant à l’impact du Covid-19 chez les asthmatiques. À l’exception des asthmatiques sévères traités par corticoïdes per os, toutes les publications internationales confirment « que les asthmatiques ne sont pas plus à risque de formes sévères de Covid que la population générale », se félicite le Pr Frédéric de Blay (Strasbourg). À l’inverse, « le SARS-CoV-2 n’entraîne que très rarement une décompensation ».
Vers un vaccin thérapeutique pour l’asthme aux acariens ?
Du côté de la recherche, les promesses d’un vaccin thérapeutique dans l’asthme aux acariens se précisent. L’équipe de Grégory Bouchaud, chercheur à l’Inrae-Bia « Allergie aux protéines » (Nantes), a publié en novembre 2020 une étude pré-clinique concluante. L’objectif était de vacciner des souris contre l’un des allergènes aux acariens les plus fréquents, le peptide Dermatophagoides pteronyssinus protein 2 (Der p 2), auquel sont sensibles près de 90 % des allergiques aux acariens. « La phase préclinique sur modèle murin démontre une réelle efficacité de notre candidat vaccin », indique Grégory Bouchaud : la vaccination (une injection suivie d’un rappel) supprime totalement les crises d’asthme ultérieures, améliore la fonction respiratoire, limite l’inflammation des bronches et permet même le développement d’un environnement « tolérogène ». En effet, chez l’animal vacciné, la réexposition aux acariens n’enclenche pas de crise d’asthme, ce qui fait la différence avec les thérapeutiques existantes. Ce succès est en rapport avec la restauration de la production de certaines molécules (IL-10 en particulier).
L’année 2020 a aussi vu se diffuser la désensibilisation par comprimé sublingual dans l’asthme aux acariens de l’adulte avec, chez 30 % des patients peu ou pas améliorés par les traitements classiques, un meilleur contrôle de l’asthme, moins d’exacerbations voire l’arrêt des corticoïdes.
Une nouvelle biothérapie pour l’asthme sévère
Toujours dans l’asthme, une nouvelle biothérapie, le dupilumab (anticorps anti-IL-4 et anti-IL-13), a obtenu une AMM européenne dans le traitement de fond de l’asthme à éosinophiles sévère et réfractaire chez l’adulte, et devrait prochainement rejoindre le mépolizumab (disponible depuis 2017) et le benralizumab (depuis 2019). Deux tiers des patients sous traitement n’ont plus de symptômes ou des symptômes bien moindres, avec la particularité d’un effet spécifique du dupilumab vis-à-vis de la polypose naso-sinusienne.
L’impact de l’environnement mieux documenté
La recherche épidémiologique avance également avec l’identification de l’exposition fœtale aux métaux lourds (surtout du cadmium) comme facteur de risque d’asthme et de maladies allergiques, d’après la cohorte Eden française présentée en septembre 2020.
Coup de boost pour les apnées du sommeil
Dans le syndrome des apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS), « il y a eu en 2020 une avancée avec l’avis favorable au remboursement accordé en juin par la HAS au solriamfetol, pour la somnolence résiduelle sous pression positive continue (PPC) », commente le Dr Marc Sapène, président d’Alliance Apnées du sommeil. Dans le SAHOS toujours, les médecins traitants seront désormais impliqués dans la prescription de la PPC, auparavant exclusivement réservée aux spécialistes ou aux médecins détenant un diplôme de pathologie du sommeil. Les généralistes pourront en effet renouveler la PPC à partir de la 4e prescription chez les patients observants (au minimum 4h/24h). Enfin, selon une étude observationnelle française parue en décembre 2020 dans la revue Chest, les hypoxies nocturnes dans le SAHOS augmenteraient l’incidence de l’ensemble des cancers, en particulier du poumon et du sein. Un argument en faveur du traitement – précoce – des apnées du sommeil, et notamment par PPC.
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