Quand survient la ménopause

Questions d’âge

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Publié le 29/10/2018
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Crédit photo : PHANIE

Les bouffées de chaleurs sont le premier signe de la ménopause, suivies de la disparition des règles. La durée de la période précédant la ménopause, la périménopause, est variable (estimée à 3,8 ans dans l’étude Women’s Healh Study), et il est difficile d’en prévoir la fin – les dosages hormonaux n’ont absolument aucun intérêt. Les bouffées peuvent d’ailleurs commencer à ce moment. Les cycles s’allongent, et il n’est pas rare de revoir des règles (« reviviscence ovarienne ») après une aménorrhée plus ou moins longue.

La ménopause elle-même survient à un âge moyen de 51,3 ans, avec 10 % des femmes avant 45 ans et 10 % après 55 ans. Rien ne peut être fait pour la retarder. La parité, l’âge des premières règles, la prise prolongée de la pilule n’influent pas sur l’âge de la ménopause, mais le tabac certainement, ainsi que l’âge d’apparition de la ménopause dans la famille.

L’European Society of Human Reproduction and Embryology (ESHRE) définit comme précoces les ménopauses survenant avant 45 ans. On parle d’insuffisance ovarienne prématurée (IOP) lors d’une aménorrhée de quatre mois au minimum chez une femme de moins de 40 ans, avec une FSH ≥ 25 UI/L deux fois à 4 semaines d’intervalle. Cela concerne de 1 à 2 % des femmes.

Quand elle n’est pas iatrogène (chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie), la ménopause précoce est généralement spontanée. Plus rarement peuvent être retrouvées des causes chromosomiques, infectieuses ou immunologiques.

Une association tenace avec le vieillissement

Il faut, bien sûr, en consultation, éviter de parler de « ménopause précoce » ou de « stérilité définitive » à une jeune femme de 35 ans ! Les mots vont compter encore plus qu’en cas de ménopause physiologique. Les ovaires peuvent parfois se remettre en route, justifiant dans certains cas une contraception. « Il s’agit d’une consultation longue, associant information, examen, dépistage (mammographie, frottis) et conseils d’hygiène de vie », prévient le Dr Alain Tamborini (Paris).

C’est aussi le moment de lutter contre les images, le ressenti, la notion de vieillissement inexorable. Dire que l’on peut agir, notamment sur la sécheresse vaginale et la douleur qu’elle engendre au moment des rapports. « Évitons les mensonges et les faux rassurements, insiste la Dr Michèle Lachowsky (Paris). Il faut écouter nos patientes, et leur faire comprendre qu’elles ne doivent pas se voir comme vieilles, qu’il est normal qu’elles se reconnaissent des droits et des désirs » (lire aussi ci-XXX).

Substituer une insuffisance

Ménopause précoce rime avec insuffisance œstrogénique précoce, et son cortège d’effets indésirables : augmentation des risques cardiovasculaire (Leyshetall 2017) et osseux, altération de la qualité de vie, avec les syndromes climatérique et d’atrophie urogénitale (lire p. XXX). Globalement, plus la ménopause survient tôt, plus la mortalité est élevée.

Le « tsunami WHI » ne cesse d’être remis en question (lire ci-XXX), mais il est difficile de convaincre les prescripteurs et les patientes de l’intérêt du traitement hormonal de la ménopause (THM). Les dernières recommandations nationales et internationales (HAS, IMS 2018) parlent désormais de « traitement hormonal substitutif » (THS), incitant à substituer une hypoœstrogénie, comme on le ferait sans se poser de question concernant une hypothyroïdie par exemple…

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Session « La quarantaine et le gynéco »

Dr Lydia Marié-Scemama

Source : Le Quotidien du médecin: 9698