Si j'avais été un homme, ma carrière aurait été différente. Je suis rhumatologue mais si on m'avait laissé le choix, j'aurais été urologue. J'adorais cette spécialité qui, il y a 20 ans, était réservée aux garçons. "Ça va être compliqué pour toi, tu es une fille", m'ont dit cent fois mes chefs de service. Quand je vois qu'en 2019, 69 % des femmes médecins disent qu'elles auraient eu une vie professionnelle différente si elles avaient été des hommes, je ne suis donc pas étonnée.
Quand je suis devenue chef de pôle, les petites phrases étaient courantes. "Mais comment vas-tu faire avec tes enfants ?" me demandait-on. Jamais on ne poserait cette question à un homme ! L'hôpital est sans conteste un monde très masculin et macho, mais c'est aussi le cas dans d'autres pans de la société.
Le monde hospitalier est très dur quand on est une femme médecin mais c'est pire quand on est étudiante. Je me souviens de services où le port de pantalon était interdit aux filles. À plusieurs reprises, des étudiantes m'ont rapporté des situations impliquant des confrères masculins qui n'étaient pas du tout normales.
À l'hôpital, il y a une forme de renoncement à la parole, d'acceptabilité du harcèlement chez les femmes médecins, qui gravitent dans un milieu où on ne se plaint pas, où on accepte tout, où on doit avoir mal. Je pense que des mouvements de libération comme #MeToo ne peuvent être que bénéfiques au secteur.
Dr Stéphanie Rist, rhumatologue au centre hospitalier d'Orléans, rapporteur du projet de loi de santé
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