Un problème fréquent aux solutions efficaces

Incontinence post-prostatectomie : comment l'éviter et la traiter ?

Publié le 22/09/2020
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Quelle que soit la technique utilisée pour réaliser une prostatectomie totale (chirurgie, laparoscopie ou laparoscopie assistée par robot), une incontinence peut apparaître de façon immédiate ou différée. Le généraliste est en première ligne pour rassurer : des solutions efficaces existent.
Le sphincter urinaire artificiel enregistre de bons résultats

Le sphincter urinaire artificiel enregistre de bons résultats
Crédit photo : Phanie

Dans les suites immédiates de l'intervention, 70 % des patients ont des fuites urinaires. Une amélioration naturelle ou avec la rééducation, permet de faire tomber ce taux à 20 % à un an et à 15-20 % à deux ans.

« Il n'existe pas de facteurs prédictifs particuliers pour indiquer quels patients vont faire une incontinence post-prostatectomie, explique le Pr Xavier Gamé, urologue à l'hôpital Rangueil du CHU Toulouse et secrétaire général de l'Association française d'urologie (AFU). Cependant, le grand âge, une incontinence urinaire antérieure, une pathologie neurologique, un diabète, augmentent les risques. Une radiothérapie associée, aussi, mais dans ce cas, l'incontinence peut apparaître cinq à dix ans plus tard. Le généraliste ne doit pas hésiter à l'adresser à l'urologue car même en cas d'incontinence tardive, des solutions efficaces existent ».

Rééducation : utile avant et après

Cinq séances de rééducation en préopératoire, améliorent l'incontinence postopératoire. « La rééducation avant l'opération est donc utile chez tous les hommes, insiste le Pr Gamé. Elle permet au patient de prendre conscience du contrôle de son périnée, de le renforcer et de mieux connaître le réflexe de verrouillage à l'effort ».

Un à trois mois après l'opération (pas avant sous peine de douleurs à cause des sutures), la rééducation est proposée aux 70 % de patients qui ont des fuites urinaires. Au départ, une dizaine de séances sont proposées : si une amélioration est notée, la rééducation est poursuivie. « En l'absence d'amélioration, c'est inutile, précise-t-il. La rééducation diminue le délai d'obtention de la continence, mais n'augmente pas le taux de patients continents à un an. Pour les patients restant incontinents, il n'y a donc pas d'autres solutions que la chirurgie, mais il faut attendre 9 à 12 mois avant de l'envisager ».

Trois solutions chirurgicales efficaces

La pose de bandelettes sous-urétrales transobturatrices pour soutenir l'urètre est réservée aux patients avec une incontinence urinaire légère à modérée (moins de 200 g de fuites en 24 heures), n'ayant pas eu de radiothérapie. Cette solution permet d'obtenir 65 % de bons résultats. « Autre alternative : les ballons péri-urétraux, qui se placent à la place de la prostate, sous la vessie, poursuit l'urologue. Ils sont indiqués même en cas d'incontinence forte, mais pas chez des patients ayant eu une radiothérapie. Leur pose se fait en deux temps : les ballons sont d'abord positionnés puis, six semaines plus tard, ils sont gonflés progressivement tous les quinze jours jusqu'à obtenir le résultat escompté. Cette solution donne aussi 65 % de bons résultats ».

Enfin, en cas d'incontinence urinaire sévère ou en échec des deux autres traitements ou chez un patient ayant eu une radiothérapie, il reste la solution du sphincter urinaire artificiel. « Il s'agit d'un dispositif en trois éléments avec un anneau placé autour de l'urètre relié à une pompe située dans la bourse et un réservoir de liquide, dans le ventre, détaille le spécialiste toulousain. Quand le patient veut uriner, il appuie sur la pompe pour faire repartir le liquide vers le réservoir et ouvrir le sphincter. Par équilibrage de pression, le liquide repart ensuite vers l'anneau qui bloque l'urètre ».

L'efficacité du dispositif est bonne. « 70 % de patients ne sont plus du tout incontinents et 90 % sont bien améliorés, se félicite le Pr Gamé. Les risques sont faibles : hormis le risque infectieux comme pour toute pose d'un corps étranger, une panne du système mécanique peut survenir. Il faut alors changer la partie défectueuse, ce qui concerne 50 % des patients, à dix ans ».

Dr Nathalie Szapiro

Source : Le Quotidien du médecin