La mixité des modes de paiement paraît aujourd’hui acquise, du point de vue des économistes interrogés. Mais, aujourd’hui, plusieurs pistes sont sur la table concernant cette diversification. La hiérarchisation des actes est l’une d’entre elles, une option qui ne remporte pas forcément l’adhésion générale. Après s’être penchée sur le système québécois de hiérarchisation, Lise Rochaix y voit certaines limites. « Au Québec, les consultations sont de trois niveaux (ordinaire, complet, complet majeur) avec une description précise du contenu de chaque consultation. Les travaux économiques portant sur cette hiérarchisation ont montré qu’elle était sujette à manipulation, avec un recours souvent plus fréquent que nécessaire aux consultations plus complexes. Il faut donc mettre des contrôles assez fins si on veut éviter une éventuelle dérive, ce qui est aussi coûteux à mettre en œuvre ».
Un revenu horaire inférieur à celui des avocats ou des experts-comptables
« Les consultations longues, pourquoi pas ? Mais on risque d’en avoir beaucoup », prévient également Jean de Kervasdoué. Pour lui, « ce n'est pas tant la question de la hiérarchisation des actes qui se pose mais celle du revenu horaire des médecins et là on dispose de comparaisons qui permettent de dire que ce revenu est inférieur à celui des avocats, des experts-comptables ou des consultants. Il est vrai que ces derniers ne sont pas financés par l'Assurance Maladie… »
Au-delà de la hiérarchisation, la Cnam pourrait aussi décider de jouer sur le levier « forfaits » et d’en augmenter la part dans la rémunération des médecins. La piste est privilégiée par Brigitte Dormont : « Une amélioration avec un forfait structure aurait du sens. Les médecins sont débordés par beaucoup de tâches administratives. Certaines enquêtes montrent qu’un tiers font leur propre comptabilité, ce qui est le comble de l'inefficience. Mettre de l’argent pour améliorer le fonctionnement du cabinet, c’est pertinent », considère-t-elle.
La perspective de nouveaux forfaits n’annule cependant pas la nécessité de faire le tri dans ceux déjà existants. Une volonté affichée par le président de la Cnamts et partagée par l’économiste. « On a une espèce de maquis avec plein de petits forfaits dans tous les sens qui rendent difficilement lisibles les principes qui inspirent cette politique de rémunération », confirme Brigitte Dormont.
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