Mise en place en 2011, la ROSP s’est fait une place dans la rémunération des généralistes. Malgré tout, les syndicats demandent aujourd’hui une refonte du dispositif et de ses indicateurs. À l’heure du bilan, pour Frédéric Bizard le dispositif a raté sa cible. « C’est globalement un échec parce qu’un nouveau mode de paiement doit avoir, normalement, une influence sur les pratiques professionnelles et de soin ; c’est une incitation. Là, il n’y a pas eu d’évolutions des pratiques. C’est vécu par les médecins comme un bonus de fin d’année, mais ils considèrent cela comme un moindre mal car on n’a pas tellement valorisé leur acte principal », explique-t-il.
La définition de la performance doit être clarifiée
La ROSP est-elle fidèle à ses objectifs initiaux ? Claude Le Pen s’interroge également : « La ROSP, dans son modèle initial était censée s’autofinancer : les “bonus" aux médecins devaient être compensés par la progression des génériques. Or depuis 2012 la pénétration des génériques au sein du répertoire stagne… On peut donc se demander ce qu’il en est exactement ». Pour lui le dispositif devrait aussi être élargi à d’autres et reprécisé : « Il n’est d’abord pas normal qu’il soit, pour l’essentiel, réservé aux médecins traitants. Son extension non seulement aux médecins spécialistes mais aussi aux hospitaliers devrait être envisagée. Par ailleurs la définition de la performance doit être clarifiée : dans le P4P britannique, qui a inspiré la ROSP, la performance se mesure par l’état de santé des patients suivis par leur “GP’s" et par des mesures d’organisation du cabinet, de promotion de la prévention ou de taux de prescription dans le répertoire », explique Claude Le Pen.
« Une sorte de 13e mois, c'est la bonne dimension »
Tous les économistes ne sont pas aussi sceptiques. Brigitte Dormont en tête : « Il y a des indicateurs extrêmement intéressants, pour les patients diabétiques ou sur la réduction de l’iatrogénie médicamenteuse pour les personnes âgées ; les indicateurs sur le cabinet sont plus difficiles à interpréter en termes d’incitation à la performance des soins ». Cela dit, selon elle, le dispositif doit rester à sa place actuelle : « Tel que la ROSP est définie, il faut peut-être revoir le contenu des indicateurs mais il faut conserver son ordre de grandeur. Une sorte de 13e mois, c’est la bonne dimension. Il ne faut pas que ce soit une composante trop importante de la rémunération du médecin, sinon on risque de mettre des incitations trop violentes qui pourraient provoquer des effets de report délétères sur certains aspects de la qualité des soins qui ne peuvent pas être mesurés par des indicateurs quantitatifs », estime-t-elle.
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