# 2 Observations et applications

Toutes les constantes étaient bonnes. La césarienne était programmée quatre jours plus tard et le futur nouveau-né était en parfaite santé. Comme d'habitude, la grossesse s'était déroulée sans encombre, et d'ici peu, Maia mettrait un énième bébé au monde. Seulement, ce ne serait pas son enfant et ce n'était pas sa mère qui l'avait porté. Maia observa le Sub face à elle, son énorme ventre. Comment une machine, si perfectionnée soit-elle, pouvait-elle donner la vie quand aucune femme n'en était plus capable ?

Elle quitta la chambre et regagna son bureau. Cela faisait maintenant plusieurs semaines qu'elle étudiait les Subs de très près pour comprendre comment ces corps biomécaniques réussissaient là où les femmes échouaient, et elle était sur une piste. Une hypothèse qui lui semblait folle mais, pour le moment, c'était la seule chose qui était ressortie de son observation. Maintenant, il ne lui restait plus qu'à la tester.

Avant de rentrer chez elle, Maia passa à la bibliothèque. Après de longues recherches infructueuses dans les rayons pleins de livres pour réussir sa vie, optimiser son temps ou son budget, elle avait fini par trouver, dans la réserve interdite au public, un très vieil ouvrage de recettes de grand-mère. Le manuel datait de bien avant la crise. Il décrivait les anciennes méthodes et croyances pour aider les femmes à tomber enceinte, puis donnait des conseils pour la grossesse. Exactement ce qu'elle voulait. Bien sûr, elle ne pouvait pas l'emprunter, alors elle l'avait recopié. Il ne lui manquait plus que quelques pages.

Elle traversa la bibliothèque jusqu'au fond et retrouva le livre entre deux encyclopédies sur les oiseaux, là où elle l'avait caché. Elle se mit aussitôt au travail.

Alan déposa sa mallette sur le guéridon, enleva ses chaussures et alla dans le salon pour embrasser sa femme comme tous les soirs. Mais Maia n'était pas dans le salon.

— Maia ?

— Je suis dans la cuisine.

— Toi ? Dans la cuisine ?

— Oui. Je prépare du fenouil à l'ail et à la levure de bière.

— Qu'est-ce que c'est que ça ?

— Euh… une recette… c'est… Fannie au travail qui me l'a conseillée.

— Je croyais que tu détestais cuisiner.

— Je voulais te faire une surprise.

— En quel honneur ?

— Pourquoi il y aurait forcément une raison particulière ?

— Parce que tout doit avoir une raison, sinon c'est une perte de temps, ce n'est ni rentable, ni productif.

— On croirait entendre le président. Enfin, peu importe, c'est prêt. À table !

Alan mangea de bon appétit malgré le comportement étrange de Maia. Depuis qu'il la connaissait, elle avait toujours été à part dans la société, hors normes, et c'était cela qui lui plaisait chez elle. Seulement, parfois, il ne la comprenait vraiment pas.

Il oublia bien vite ses préoccupations quand, après manger, sa femme l'attira tendrement dans leur chambre. Dehors, perchée dans le ciel noir, la pleine lune brillait.

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Maia avait perdu le fil de la conversation. Elle fit répéter trois fois son numéro de sécurité sociale à la jeune femme en face d'elle qui commençait à perdre patience. Son compagnon la calma et demanda à Maia si elle se sentait bien. Maia aurait voulu lui répondre que tout allait parfaitement bien mais, elle fut coupée par un violent haut-le-cœur. Elle s'excusa auprès du couple et fonça aux toilettes où elle rendit son petit-déjeuner. Assise par terre sur le carrelage à côté de la cuvette, Maia sourit. Elle était enceinte.

Prochaine histoire courte dans notre édition du 20 septembre

Justine Roux, 20 ans, est étudiante en deuxième année d'école d'ingénieur agroalimentaire à AgroSup Dijon. Depuis toute petite, en parallèle de ses études, Justine rêve de devenir écrivain. Ses écrits, empreints de magie et de fantastique, ont été récompensés plusieurs fois sur Short Edition.