Le lendemain en fin de journée, après leurs séances respectives de rééducation, Alexandra et Vincent se retrouvèrent sous le grand chêne du parc. Comme la veille, l’endroit désert convenait parfaitement à la nature des confidences de Vincent qui se lança dans le récit de ses découvertes. Grâce aux carnets de sa femme, il avait suivi et remonté toutes les pistes que Gloria avait semées. Revenu dans les Balkans après la guerre, il avait réussi à retrouver le tatoueur qu’elle avait cherché à rencontrer.
L’homme était taiseux, mais à la vue du talisman, son attitude changea. Il fit passer Vincent dans son arrière-boutique et, pour la première fois depuis des années, Vincent eut enfin les réponses qu’il cherchait. Il apprit que tout porteur du talisman était considéré comme un passeur de mondes, que l’objet magique permettait à son détenteur de se déplacer dans différentes dimensions. Le tatoueur lui confirma que Gloria l’avait rencontré et que, touché par la quête sincère de cette femme, il lui avait raconté l’histoire du talisman et confirmé son lien avec les tatouages.
Dès lors, Vincent – qui avait lu tous les carnets de Gloria –, avait sélectionné certains indices qu’il percevait comme des mots clés. Il demanda au tatoueur de les lui graver sur le corps en guise de viatique, de carte d’orientation pour les voyages qu’il espérait faire.
Relevant ses manches, Vincent montra ses tatouages. Il expliqua à Alexandra médusée qu’il avait fait réaliser le paysage vallonné de la région des Balkans où ils vivaient. Sur l’autre bras, il avait fait dessiner une porte rouge et or, aux couleurs du talisman derrière laquelle irradiait une lumière bleue. Alexandra, envoûtée par la précision des dessins, demanda :
— Alors si ces dessins fonctionnent comme des cartes, avez-vous réussi à passer dans d’autres dimensions ?
— Oui, la magie opère, mais pour passer de cette temporalité à l’autre, il m’a fallu tatouer les choses qui me rattachaient à Gloria.
Vincent montra le portrait de sa femme qu’il avait fait tatouer sur son torse au niveau de son cœur, tandis que sur ses jambes, on distinguait, à l’avenant, les fleurs préférées de son épouse, un livre qu’ils avaient lu ensemble, la bague qu’il lui avait offerte pour leur mariage et la maquette d’un bateau qu’elle lui avait achetée lors d’une balade dans les rues de la vieille ville. Enfin, il découvrit son dos sur lequel Alexandra vit le tatouage d’une ruelle étroite menant à une maison dont la porte était entrouverte.
— C’est la maison où nous vivions là-bas, et c’est là où je dois me rendre pour la revoir. Gloria ne peut ni me voir ni m’entendre. À chaque fois, je suis tombé dans la même boucle de temps : au moment où elle s’apprête à partir pour le camp de réfugiés, je la regarde en spectateur impuissant préparer ses affaires et me laisser un mot sur la table du salon : « Je rentre demain soir, je t’aime, Gloria ». Quand je reviens dans mon présent, je suis encore plus désespéré. Je n’ai jamais réussi à changer l’ordre des choses et ne fais que revivre ces derniers instants sans pouvoir sauver Gloria. J’ai besoin de vous et de votre aide pour déjouer le passé.
Autant bouleversée qu’envoutée par cette histoire, Alexandra répondit qu’elle allait y réfléchir. Chaque jour, Vincent l’entraînait un peu plus dans son univers magique. Elle était désormais trop engagée dans cette étrange histoire pour y renoncer.
Avec la collaboration de
Article précédent
#2 : L’énigmatique docteur Lacour
Article suivant
#1 : Alexandra fait une rencontre
#6 : De l’autre côté
#2 : L’énigmatique docteur Lacour
#4 : Des indices tatoués
#1 : Alexandra fait une rencontre
#5 : La Porte rouge et or
#3 : Les Carnets de Gloria
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série