Après un accident coronarien

Des clés pour le sevrage tabagique

Publié le 16/02/2015
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Après un événement coronaire, les patients n’arrêtent pas de fumer par conviction et les incantations du médecin ne suffisent pas. Et au bout d’une année, plus de 60 % des sujets rechutent.

S’il n’y a pas de recette miracle, certains éléments constituent des facteurs de réussite du sevrage tabagique.

Le premier est une meilleure compréhension des risques. Le quart des décès dus au tabac, soit environ 18 000 chaque année, sont cardiovasculaires. Et l’impact délétère du tabagisme est précoce. « De 70 à 80 % des sujets victimes d’un infarctus du myocarde avant l’âge de 50 ans sont des fumeurs » a rappelé le Pr Daniel Thomas, qui a souligné l’augmentation depuis une dizaine d’années des infarctus liés au tabac survenant chez des femmes jeunes, entre 35 et 54 ans. Les patients doivent également être informés qu’en matière de risque cardiovasculaire, il n’y a pas de dose seuil et donc de petit tabagisme.

Le second volet est la compréhension des mécanismes. L’exposition à la fumée est une source de stress oxydatif, qui génère une inflammation et une dysfonction endothéliale, qui vient s’ajouter aux effets délétères de l’ischémie chronique induite par le monoxyde de carbone (augmentation de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle). Le tabagisme est un facteur de troubles du rythme et de fibrillation atriale.

Troisième élément : la motivation du patient sur les bénéfices. « En 24 heures, tout le monoxyde de carbone est éliminé et après 15 jours d’arrêt, la fonction plaquettaire est normalisée », a précisé le Pr Thomas. Après de 3 à 7 ans de suivi, le risque de décès est réduit de 36 % chez les coronariens qui ont arrêté de fumer. Le risque de réintervention après pontage ou angioplastie est également réduit. Le sevrage est par ailleurs le meilleur anti-arythmique chez le coronarien fumeur.

Le quatrième facteur de réussite du sevrage est le recours à des outils adaptés pour évaluer la dépendance (test de Fagerström simplifié) et le contexte.

Il faut également instituer un traitement pharmacologique -substituts nicotiniques, bupropion, varénicline-, qui sont aujourd’hui sous-utilisés.

Enfin, « la réussite du sevrage passe aussi par la conviction du médecin », a conclu le Pr Daniel Thomas.

Session fédération française de cardiologie/SFC. D’après la communication du Pr Daniel Thomas, Paris.

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du Médecin: 9387