L'endométriose est une inflammation endométriale non spécifique. Sa définition est histologique (1). Elle est liée à un stress oxydatif et peut se traduire par une modification de la contractilité myométriale. Elle peut également provoquer une infertilité par altération du transport des gamètes ou du processus d’implantation. C’est une maladie multifactorielle, qui résulte de l'effet de facteurs génétiques et environnementaux, mais aussi liés aux menstruations. Une association a été mise en évidence entre la présence d'une endométriose et une exposition accrue aux règles, c’est-à-dire chez les patientes ayant eu des règles précoces, ou avec des saignements menstruels abondants, ou enfin un cycle menstruel court.
À l’origine de plus de 33 % des douleurs pelviennes aiguës
La prévalence de l'endométriose dans la population générale est difficile à estimer. Les études de sa prévalence chez les femmes souffrant de douleurs pelviennes chroniques sont hétérogènes. En cas de douleurs pelviennes aiguës, cette prévalence serait supérieure à 33 %. Une incidence annuelle d'environ 0,1 % a été rapportée chez les femmes âgées de 15 à 49 ans.
L'endométriose n’entraîne pas nécessairement un retentissement. Elle est observée chez les femmes en l’absence de douleur et d’infertilité. L'évolution vers des formes chroniques douloureuses est toutefois possible. Les données disponibles ne suggèrent pas que le volume ou le nombre de lésions d'endométriose évolue dans le temps.
En cas de consultation pour douleurs pelviennes chroniques ou pour suspicion d’endométriose, il est recommandé de rechercher les symptômes évocateurs et localisateurs de l’endométriose. Il s’agit de dysménorrhées, évaluées par leur forte intensité, leurs conséquences en termes d’absentéisme fréquent ou leur caractère résistant aux antalgiques de niveau 1. Il peut aussi s’agir de dyspareunies profondes, de douleurs à la défécation à recrudescence cataméniale, ou encore d’une infertilité.
Évaluer douleur et qualité de vie
Il est recommandé d’évaluer la douleur en termes d’intensité et de retentissement, ainsi que la qualité de vie de la patiente. L’évaluation de la douleur doit faire appel à une échelle de mesure. Quant à celle de la qualité de vie, elle doit se faire en utilisant un questionnaire comme l’Endometriosis Health Profile-30 (EHP-30) ou sa version courte EHP-5 (2), ou le questionnaire SF-36. La prise en charge de l'endométriose est recommandée lorsqu'elle a un impact fonctionnel (douleur, infertilité) ou si elle provoque un dysfonctionnement d'organe. L'imagerie systématique pour surveiller les patientes traitées pour une endométriose asymptomatique n'est pas recommandée.
L’endométriose profonde, enfin, est une forme sévère de la maladie, définie par l’infiltration du péritoine en profondeur par le tissu endométriosique (3). Elle est responsable de douleurs parfois invalidantes et d’infertilité. En cas d’infertilité et d’endométriose profonde, il existe un certain nombre de recommandations. Un traitement doit être envisagé chez les patientes infertiles atteintes d’endométriose profonde, lorsqu’elles désirent une grossesse. Une prise en charge en FIV en cas d’infertilité liée à une endométriose profonde non opérée peut donc être proposée.
D'après la communication du Dr Pierre Collinet (CHRU de Lille)
(1) Collinet P et al. J Gynecol Obstet Hum Reprod 2018;47:265-74.
(2) Renouvel F et al. J Gynecol Obstet Biol Reprod (Paris) 2009;38:404-10.
(3) Mathieu d'Argent E et al. Gynecol Obstet Fertil Senol 2018;46:357-67.
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