LA QUESTION de l’impact cardiovasculaire de l’insuline est débattue depuis longtemps. « De nombreux arguments, expérimentaux (restauration du déficit insulinique, effets antioxydants, anti-inflammatoires et antithrombotiques, amélioration de la fonction endothéliale) et cliniques (étude UKPDS), plaident en faveur d’un effet bénéfique de l’insuline, tandis que d’autres, à l’inverse, suggèrent un effet délétère : hypoglycémie, prise de poids, impact sur les facteurs de croissance, études épidémiologiques telles que PROACTIVE », a rappelé le Pr Charbonnel.
C’est dans ce contexte qu’a été mise en route l’étude ORIGIN, qui a inclus plus de 12 500 sujets âgés de plus de 50 ans (en moyenne 63 ans), à haut risque cardiovasculaire (antécédents documentés ou atteinte d’un organe cible). Ils présentaient à l’inclusion soit un diabète établi, soit une intolérance au glucose, soit une hyperglycémie à jeun et ne recevaient aucun ou au maximum un antidiabétique oral. Ils ont été randomisés pour bénéficier soit d’un traitement par insuline glargine, à raison d’une injection quotidienne avec une dose-titration visant une glycémie le matin à jeun entre 0,72 et 0,95 g/L, soit d’une prise en charge standard. « Au terme d’un suivi pouvant aller jusqu’à 7 ans, l’insuline glargine a fait jeu égal avec le traitement standard pour le critère primaire d’évaluation (infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral ou décès) », a exposé le Dr Pierre Sabouret.
« Il est intéressant de noter dans cette étude la bonne acceptation du traitement par insuline, puisque moins de 16 % des patients ont interrompu les injections au cours du suivi, et rarement en raison d’effets indésirables directs de l’insulinothérapie », a de son côté souligné le Pr Pierre Gourdy. Le traitement par insuline s’est accompagné d’un meilleur contrôle de l’HbA1c (< 6,3% versus 6,5 % dans le groupe témoin). L’analyse de la tolérance a montré une augmentation du risque d’hypoglycémie et une prise de poids moyenne de 2 kg. Surtout, l’étude ORIGIN a souligné l’absence de surrisque de cancer, notamment de cancer du sein, ce qui apporte une réponse à une question soulevée depuis plusieurs années. « Certes, cette étude est négative sur le critère primaire de réduction des événements cardiovasculaires, mais elle envoie des signaux très rassurants quant à l’utilisation de l’insuline glargine (en l’absence d’effet de classe, les données observées ne peuvent pas être extrapolées) : pas d’augmentation du risque cardiovasculaire ni de cancer, prise de poids modérée, bonne acceptation à long terme. Autant d’éléments qui ne remettent pas en cause la place de l’insuline dans la prise en charge individualisée du patient », a conclu le Pr Gourdy.
Symposium organisé par Sanofi Diabète, avec les communications des Prs et Dr Bernard Charbonnel (Nantes), Pierre Sabouret (Paris), et Pierre Gourdy (Toulouse).
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