Si, après un infarctus du myocarde (IDM), les bénéfices des bêtabloquants sont bien établis lorsque la fonction ventriculaire gauche est altérée (≤ 40 %), les données sont moins claires dans les autres cas. Les études observationnelles suggèrent l’absence de bénéfice en cas de FEVG > 40 %. Deux essais publiés en 2024 ont donné des résultats non concordants : absence d’effet positif du traitement par bêtabloquants en cas de FEVG ≥ 50 % dans l’étude Reduce-AMI, tandis que l’étude Abyss n’a de son côté pas démontré la non-infériorité de l’arrêt du traitement versus sa poursuite.
Les résultats de plusieurs études présentées lors du congrès étaient ainsi très attendus.
Dans l’essai Reboot (1), qui a inclus 8 505 patients (61 ans en moyenne, 19,3 % de femmes) hospitalisés pour un Stemi ou un NStemi avec une FEVG > 40 %, l’instauration d’un traitement par bêtabloquant, versus placebo, n’a pas eu d’effet sur le critère de jugement principal (décès de toutes causes, IDM fatal ou non fatal, ou hospitalisation pour insuffisance cardiaque), au terme d’un suivi médian de 3,7 ans.
L’analyse en sous-groupes n’a pas retrouvé d’influence significative de l’âge, du sexe ou du type d’IDM, avec toutefois un signal favorable du traitement chez les patients avec une FEVG entre 40 et 49 %, mais l’effectif était faible. Le taux d’événements a en revanche été plus important chez les femmes du bras bêtabloquant, point qui n’est pas expliqué.
L’association de deux essais scandinaves Betami-Danblock (2), ayant inclus 5 574 patients (63 ans en moyenne, 21 % de femmes) avec une FEVG ≥ 40 %, met de son côté en évidence une réduction, modeste (- 15 %) mais significative, des évènements cardiovasculaires majeurs après trois ans et demi de suivi.
Une méta-analyse pour trancher ?
Les résultats d’une méta-analyse (3) regroupant la totalité des résultats provenant de quatre essais randomisés (Reboot, Betami, Danblock et Capital-RCT), qui avaient inclus un total de 1 885 patients avec FEVG modérément altérée (40-49 %) après un Stemi ou un NStemi vont dans le même sens : réduction significative de 25 % du taux d’événements (décès toutes causes, nouvel infarctus du myocarde ou insuffisance cardiaque) après trois ans et demi de suivi.
ESC, Hotline 3. Communications des Prs et Drs Borja Ibanez (Espagne), Dan Atar (Norvège), et Francisco Javier Rossello (Espagne)
(1) Ibanez B et al. N Engl J Med 2025 Aug 30
(2) Munkhaugen J et al. N Engl J Med 2025 Aug 30
(3) Rossello X et al. Lancet. 2025 Sep 13;406(10508):1128-37
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