Plusieurs publications, cosignées par le Pr Perry J. Pickhardt (université du Wisconsin, Madison), ont montré que des scanners abdominaux et thoraciques, demandés pour des causes fort diverses, chez des patients âgés de 20 à 70 ans, permettaient une évaluation très précise de la densité minérale osseuse (DMO), à partir des valeurs d’atténuation trabéculaire au niveau de L1. On peut aussi observer l’évolution de la DMO en fonction de l’âge et du sexe, déceler les patients à risque d’ostéoporose et/ou fracturaire, avec une fiabilité plus grande que celle de l’absorptiométrie biphotonique (DXA). « Quand on connaît la fréquence de l’ostéoporose, les retards diagnostiques si fréquents et importants, et quand, par ailleurs, on sait que plusieurs dizaines de millions de scanners sont réalisés dans un pays comme les États-Unis, on voit l’intérêt potentiel d’un screening opportuniste de l’ostéoporose, cela sans irradiation supplémentaire », souligne le Pr Pickhardt. De plus, une étude récente a montré que cette approche surpasse l’indice FRAX pour prédire des fractures vertébrales.
De nombreuses pistes à l’étude
Le Pr Pickhardt est impliqué dans plusieurs recherches sur les applications possibles du scanner opportuniste : évaluation de l’adiposité viscérale et sous-cutanée abdominale, détermination du degré de sarcopénie musculaire, de stéatose hépatique, recherche de calcifications aortiques abdominales – une étude réalisée chez 829 patients a montré que la mise en évidence de cette calcification surpasse le score de Framingham pour prédire la survenue d’événements cardiovasculaires.
Pour le Pr Pickhardt, on peut donc espérer, grâce à cette approche, fournir de multiples opportunités à la démarche diagnostique et la médecine prédictive, en quantifiant les risques. Avec des applications multiples : ostéoporose, maladies métaboliques, risque cardiovasculaire, risque carcinologique. « Nous disposons déjà de la plupart des outils automatisés pour accomplir ces tâches, et il faut simplement les compléter et les connecter pour fournir au radiologue un système complet, et simple, d’interprétation des données, cela sans qu’il consacre plus de temps à l’examen », insiste le Pr Pickhardt. De son côté, le patient n’a pas à subir de radiations et de désagréments supplémentaires, ce qui serait le cas lors d’examens successifs.
En un mot, pour le Pr Pickhardt, le scanner opportuniste peut faire progresser notablement la médecine prédictive et préventive, ce à un coût très raisonnable.
Entretien avec le Pr Perry J. Pickhardt, université du Wisconsin, Madison
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