Hépatite C en France

Éradication : la balle dans le camp des généralistes

Publié le 28/09/2015
D’importants progrès ont été accomplis dans le traitement de l’hépatite C et le chemin parcouru depuis 1989, année d’identification du VHC comme agent principal des hépatites post-transfusionnelles, est immense. Dans les années 1980, les hépatites virales post-transfusionnelles, appelées « Non A-Non B », faisaient frémir. Chez certains, elles évoluaient irrémédiablement vers la fibrose, la cirrhose, le carcinome hépatocellulaire et le décès. Il n’y avait pas de traitement. .
En 2015, le taux de guérison avoisine les 95 % quel que soit le génotype. « Il n’y a pas un jour où je n’annonce pas une guérison de l’hépatite C. Aujourd’hui, Dépistage de l’hépatite C = Traitement = Guérison dans plus de 95 % des cas », indique le Pr de Ledinghen. Les traitements lourds avec interféron qui parfois arrivaient à guérir le patient et à condition qu’il ait le bon génotype, sont dépassés. Les nouveaux traitements, combinant 2 ou 3 antiviraux, sont aussi bien tolérés que des placébos. « Les médecins qui surveillaient jusqu’ici des patients dont l’hépatite C n’était pas traitée en raison de la lourdeur des traitements doivent maintenant les adresser aux hépatologues pour qu’ils soient traités », précise le Pr de Ledinghen.
Inimaginable il y a 20 ans, la fibrose et même la cirrhose régressent après la guérison de l’infection par le VHC. « Le risque de carcinome hépatocellulaire à 5 ans qui est de 20 % en cas de cirrhose non traitée, régresse vers 3-5 %. Avec plus de recul, il pourrait rejoindre celui d’individus à foie sain », espère le Pr de Ledinghen. La durée du traitement, généralement 12 semaines, dépend du génotype et de la présence ou non d’une cirrhose. En cas de cirrhose et de génotype 3, un traitement pendant 24 semaines permet de passer de 85-90 % de guérison à près de 100 %. 

Une pile d’ordonnances « sérologie de l’hépatite C »

Reste à dépister cette infection très longtemps totalement asymptomatique pour traiter les patients infectés. Le Pr De Ledinghen explique que « Les signes cliniques sont inexistants (parfois une fatigue épisodique…) et les examens complémentaires inutiles. Il faut aller à l’essentiel et avoir sur un coin du bureau une pile d’ordonnances "sérologie de l’hépatite C" à distribuer. L’idée est qu’à l’horizon 2025 les réservoirs du VHC soient en France asséchés pour qu’il n’y ait plus d’épidémie d’hépatite C, mais uniquement des cas sporadiques. La balle est dans le camp des médecins généralistes. C’est eux aujourd’hui le pivot de l’éradication ».
Tous les hommes de 18 à 65 ans doivent avoir au moins une fois dans leur vie un dépistage de l’hépatite C.
Le dépistage des femmes doit être systématique lors d’une grossesse. « Un dépistage plus large des femmes n’est pas exclu si elles ont eu un facteur de risque. Les 2 principaux sont la transfusion et l’usage de drogue (un shoot pour essayer, une fois dans sa vie peut suffire). Cependant dans la majorité des cas, la transmission est probablement nosocomiale en raison de mesures d’asepsie inadaptées lors d’un geste médical banal entre 1980 et 2000 : appendicite, forceps, curetage utérin, coronarographie, etc… De nombreuses contaminations nosocomiales s’ignorent », souligne le Pr de Ledinghen.
Interrogé sur le prix du traitement, le Pr de Ledinghen indique que « les prix des traitements ont diminué de moitié en 1 an et continueront de baisser. Ces médicaments chers sont renégociés tous les 2 ans. Leur coût qui était un problème en 2014, n’en sera plus un dans les 2 à 3 ans qui viennent ».
Dr Sophie Parienté
 

Source : lequotidiendumedecin.fr