Dans la nuit du 31 décembre 2013 au 1er janvier 2014, une personne est morte et trois autres ont été grièvement blessées par la manipulation de pétards de type mortiers. L’usage de ces produits est une tradition très ancrée dans certaines régions. En Alsace, chaque année, entre les vacances de Toussaint et celles de Noël, 12 000 élèves des collèges sont sensibilisés aux risques liés à leur utilisation.
Outres les brûlures et les accidents traumatologiques, qui sont les plus médiatisés, les pétards et feux d’artifice peuvent être à l’origine de lésions ORL.
Entre 2004 et 2006, un réseau expérimental de déclarations des traumatismes sonores aigus a été mis en place en Île-de-France. Et sur les 176 cas recensés, 7 étaient en lien avec une explosion de pétard [2].
Un chiffre dérisoire si on compare aux lésions de brûlures ou de plaies liées à ce type d’explosions. Mais un chiffre quand même significatif si on y ajoute les lésions ORL en rapport avec l’utilisation de feux d’artifice. L’InVS rapporte en effet une atteinte de l’oreille dans 7,5 % des cas d’accident par artifice de divertissement, soit 19 patients sur 252 dans une série épidémiologique conduite entre 2004 et 2011.
Lésions tympaniques
Nombre de traumatismes acoustiques liés aux pétards et feux d’artifice surviennent chaque année. Pour limiter les risques de séquelles (acouphènes, surdité) ils nécessitent tous une consultation dans les 48 h pour une évaluation ORL de l’impact de l’onde de choc et de l’onde sonore,
analyse pour « le Quotidien » le Pr Frédéric Chabolle (Suresnes).
Les lésions tympaniques par onde de choc ne surviennent que si le pétard explose à proximité immédiate de l’oreille, elles sont donc minoritaires. La grande majorité des lésions sont liées à l’effet de l’onde de choc sur le tympan qui s’enfonce brutalement et impacte la chaîne des osselets. L’étrier – dernier osselet de la chaîne – force le réflexe stapédien et va buter contre la cochlée. Il s’ensuit un mouvement brutal et intense des liquides labyrinthiques qui est à l’origine de lésions ciliaires.
Cliniquement, les patients peuvent présenter une surdité immédiate, des acouphènes (en lien avec la souffrance des cellules cochléaires), voire une luxation de l’étrier qui se traduit par des vertiges.
L’association des vertiges et d’acouphènes nécessite une prise en charge spécialisée rapide afin d’examiner le tympan à la recherche d’une ecchymose, voire une perforation tympanique. Il doit s’y associer la réalisation d’un audiogramme qui dépiste une éventuelle surdité de transmission (en cas de perforation tympanique) associée ou non à une surdité de perception (atteinte de l’oreille interne).
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