La rhinosinusite chronique avec polypes nasaux entraîne une perte de l’odorat, une congestion nasale et une diminution importante de la qualité de vie. Elle est associée, dans près de trois quarts des cas, à un asthme, et cela aggrave sa sévérité. Les biothérapies ont révolutionné la prise en charge de l’asthme sévère ; jusqu’à présent aucune étude face à face n’avait été réalisée.
L’étude de phase 4 Everest marque un pas en avant. Il s’agit de la première étude multicentrique, randomisée en double aveugle, comparant dupilumab et omalizumab chez les patients avec polypose nasosinusienne (PNS) et asthme non contrôlé (1).
Avantage au dupilumab
L’étude Everest a inclus 360 patients présentant des polypes nasaux bilatéraux (NPS ≥ 5), avec des symptômes de congestion nasale et une perte de l’odorat, associés à un asthme diagnostiqué depuis au moins un an, suivant un traitement par corticoïdes inhalés à dose moyenne ou élevée et insuffisamment contrôlés (ACQ ≥ 1,5).
Pendant vingt-quatre semaines, ils ont reçu soit du dupilumab toutes les deux semaines, soit de l’omalizumab selon recommandations, en association à une corticothérapie inhalée. Les critères principaux étaient l’évolution des scores de polypose (NPS) et de la fonction olfactive (Upsit).
Les patients sous dupilumab (n = 181) et ceux sous omalizumab (n = 179) présentaient à l’inclusion des caractéristiques comparables (âge moyen 52 ans, 59 % d’hommes, 80 % opérés auparavant).
À la semaine 24, l’amélioration du score NPS était significativement plus importante sous dupilumab vs omalizumab (-2,65 vs -1,05). Elle était obtenue rapidement, dès la semaine 4.
L’amélioration du score Upsit était également significativement plus importante sous dupilummab vs omalizumab (différence de 8 points), avec un effet visible dès la semaine 4. Le dupilumab a aussi montré sa supériorité sur les critères secondaires : congestion nasale et perte d’odorat.
Concernant l’asthme, les résultats étaient supérieurs avec le dupilumab sur le VEMS, les scores ACQ-7 et de qualité de vie AQLQ.
Le depemokimab ouvre une brèche
Autre molécule d’intérêt, le depemokimab, un anticorps anti-IL5, est doté d’une demi-vie ultra-longue, permettant une administration sous-cutanée tous les six mois. L’essai Swift 1/2 avait déjà montré une réduction des exacerbations sévères, d’environ 50 % avec deux injections par an, chez des patients souffrant d’asthme sévère éosinophilique.
Des analyses en sous-groupe se sont intéressées aux patients, asthmatiques sévères, présentant une rhinite chronique avec PNS (2). Résultat, le depemokimab a entraîné, vs placebo, une amélioration supérieure des taux d’exacerbations annualisés dans le groupe asthme + PNS (69 %), par rapport au groupe souffrant uniquement d’asthme (51 %). Le dépémokimab a également significativement amélioré les scores SGRQ et ACQ-5 à S52, mais pas le VEMS.
Au-delà de ses effets propres sur l’asthme, des données ont montré l’efficacité du dépémokimab sur la PNS elle-même (3).
Au total, l’étude souligne l’intérêt de la prise en charge des patients asthmatiques sévères présentant une rhinite chronique avec PNS, en agissant sur les deux volets, l’asthme et la PNS.
(1) ERS 2025. Session Alert 1. Heffler E et al. OA 2 334
(2) Gevaert P et al. Lancet 2025;405(10 482):911-26
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