Life

# 4 : Le Traitement universel

Publié le 18/04/2019

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J’écoutais mon interlocuteur bouche bée, me demandant si je n’étais pas en proie à des hallucinations provoquées par mon état fébrile. Il poursuivit son exposé :

— Pour que vous compreniez, il faut que j’explique d’abord ce que sera la Grande Découverte de 2230. Dans des concrétions rocheuses rapportées d’une mission sur mars, des biologistes vont extraire une molécule dite « miraculeuse ». Nous parlons de miracle parce qu’à l’issue de milliers d’expériences, elle s’avèrera efficace contre toutes nos affections terriennes : maladies infectieuses et parasitaires, tumeurs, maladies du système nerveux, maladies du sang, de l’appareil circulatoire… Rien ne lui résistera. Enfin, c’est en 2278, après avoir été synthétisée, que cette molécule sera mise à la disposition du plus grand nombre par les laboratoires. C’est ce que nous appellerons le Traitement Universel.

— Vous… vous allez m’envoyer en 2278 ? balbutiai-je.

— Oui, répondit l’homme en se levant de son siège. Comme vous l’aurez sûrement compris, les Cliniques Life n’existent pas physiquement à l’époque présente. Voilà pourquoi elles restent introuvables et génèrent tant de fantasmes ! Mais d’ici quelques minutes, vous serez accueilli dans une de ces unités, sur la terre ferme, à quelques kilomètres de cette plateforme en mer où nous sommes en ce moment.

J’avais mille questions à lui poser, mais y renonçai faute d’énergie.

Je fus alors conduit dans une salle obscure au milieu de laquelle se trouvait une petite sphère creuse qui me rappela les premières capsules des pionniers de l’espace ; souvenirs de ce lointain vingtième siècle. On m’y installa avec précaution et on m’injecta un neuroleptique en me conseillant de maintenir mes yeux clos pendant la durée du saut temporel, certains effets visuels pouvant être perturbants. On ferma la porte en douceur après quoi au bout de quelques minutes, je ressentis de sourdes vibrations ; sans en être absolument certain, il me sembla que la sphère tournait sur elle-même à très grande vitesse. Poussé par la curiosité, je voulus malgré tout ouvrir les paupières et c’est à cet instant que, sidéré, je me vis en présence de mon double parfait qui m’observait avec des yeux ronds. Je ne pus m’empêcher de pousser un hurlement et je perdis connaissance.

Nu comme au premier jour, je me réveillai flottant, allongé dans une brume voluptueuse, à mi-hauteur de ce qui semblait être un caisson climatisé. Seul mon bras droit avait été maintenu à l’extérieur du bain de vapeur, entouré d’un brassard épais, relié par de fines canules à un grand coffre électronique. Je me sentais revivre, libéré du mal, planant dans les hauteurs stratosphériques d’un bien être inouï.

Une très belle femme à la peau cuivrée entra en silence dans la pièce et se dirigea vers le boîtier pour y relever des données. Satisfaite, elle se tourna vers moi.

— Bonjour monsieur Mayer. Je suis Anjali Jones, docteur et directrice de cette unité. Le traitement étant maintenant achevé, nous allons vous conduire dans vos appartements où vous pourrez vous rétablir. Nous aurons plus tard l’occasion de nous parler.

Deux infirmiers me sortirent du caisson et me vêtirent d’une épaisse robe de chambre avant de me placer sur une chaise roulante. Nous prîmes ensuite la direction d’un couloir décoré d’une étonnante série de portraits holographiques projetés par micro lasers. Je reconnus quelques célébrités de mon temps venues se faire soigner ici ; personnalités politiques, acteurs, pop stars. Tout à coup, éberlué, j’aperçus dans la collection ce visage qui m’était si familier. Mon oncle Boris !

Prochain épisode dans notre édition du 25 avril

Frédéric Nox vit à Nice où il se consacre à l’écriture et à la restauration d’œuvres d’art. Se définissant comme « raconteur d’histoires », il avoue l’influence du cinéma sur son travail de narration. Il poursuit actuellement deux projets : un recueil de nouvelles inédites et un premier roman court.

Avec la collaboration de