À l’adolescence, l’observance des traitements est faible (50 % des cas), d’où l’importance des conseils faciles à mettre en place et à observer.
Les 4 conseils primordiaux du soin
1. Appliquer doucement et sans frotter, nettoyants, traitements et crèmes hydratantes. 2. Remplacer les savons ordinaires ou de Marseille qui alcalinisent la peau et majorent la sécrétion sébacée par un nettoyant dermatologique (gel ou pain) à la maison et après le sport. 3. Appliquer les traitements topiques le soir sur peau nettoyée et sur l’ensemble du visage : on traite toute la surface, pas uniquement les boutons. 4. Reconstituer chaque matin la barrière cutanée avec une crème hydratante non comédogène (les traitements irritent la peau).
Acné légère
Les comédons (microkystes), lésions de l’acné débutante, sont traités par rétinoïdes topiques. Si les lésions sont inflammatoires (macules et papules), utiliser du peroxyde de benzoyle à 2,5 % ou 5 % (jamais à 10 % sur le visage). Prévenir qu’il blanchit les tissus (literie, vêtements...). Cette prise en charge précoce, associant si besoin rétinoïdes topiques et peroxyde de benzoyle, constitue la meilleure prévention des cicatrices.
« Si le peroxyde de benzoyle est mal supporté, utiliser en 2e intention, des antibiotiques topiques combinés (associés à un rétinoïde topique) pour une courte durée. Ne plus utiliser les antibiotiques topiques seuls : on sélectionne des bactéries résistantes, propionibacterium acnes mais aussi streptocoques et staphylocoques ! », prévient le Pr Brigitte Dréno, Chef du service de Dermatologie, CHU de Nantes.
Acné modérée
Les comédons et lésions inflammatoires sur plus de la moitié du visage (voire le dos), nécessitent d’associer au traitement local (rétinoïdes topiques et/ou peroxyde de benzoyle) un traitement antibiotique per os par cyclines - 3 à 4 mois pas plus - à dose anti-inflammatoire et anti-séborrhéique : doxycycline 100 mg/j ou lymécycline 300 mg/j. Les cyclines, contre-indiquées dans l’acné pré-pubertaire (jaunissements des dents) et la grossesse, sont à éviter l’été (risque de photosensibilisation, doxycycline). Le gluconate de zinc (30 mg/j le soir en dehors des repas) est une alternative aux cyclines à condition d’éviter les phytates (soja, maïs et pain complet) qui empêchent l’absorption du zinc. Si en 3-4 mois les lésions régressent, instaurer un traitement d’entretien (6 mois) par rétinoïdes topiques (0,025 %) ; Sinon, adresser au dermatologue…
Acné associée à une hyperandrogénie périphérique
L’acné modérée, majorée avant les règles, associée à un fin duvet de la lèvre supérieure ou pré-auriculaire, signe l’hyperandrogénie périphérique : une sensibilité accrue des récepteurs aux androgènes (des kératinocytes et glandes sébacées) avec taux d’androgènes normaux. « Diane 35® est à nouveau autorisée dans cette indication d’acné associée à une hyperandrogénie périphérique, chez des femmes jeunes et non fumeuses, après échec d’un traitement topique ou de traitements antibiotiques systémiques » précise le Pr Brigitte Dréno, dermatologue, CHU Nantes. Actuellement on débute par cyclines (3 mois), puis pilule de 2e génération (6 mois). En cas d’échec, le relais est pris avec une pilule de 3e ou 4e génération, sauf antécédents thromboemboliques. « Suite aux polémiques liés aux risques thromboemboliques, de nombreuses adolescentes sont passées aux pilules de 1re génération qui contiennent un progestatif métabolisé dans l’organisme en androgène, exacerbant l’hyperandrogénie périphérique et ont déclenché de l’acné », explique le Pr Dréno. Les dispositifs intra-utérins au cuivre, sans progestérone représentent une alternative contraceptive. Éviter les implants (Nexplanon, Implanon) : ils contiennent des progestatifs et induisent de l’acné !
Acné sévère
L’acné inflammatoire diffuse du visage voire du tronc avec nodules est du recours du spécialiste. Il est initialement traité 1 à 2 mois par cyclines et traitement local sous contraceptif. Si c’est insuffisant on peut prescrire l’isotrétinoïne (0,5 mg/kg/j) qui est tératogène, sous contraception efficace, sans tarder et risquer d’induire des cicatrices. Avant la 1re prescription, valable 7 jours, bilan hépatique et test de grossesse négatif (de 3 jours maximum) sont obligatoires. Le test de grossesse doit être mensuel. En absence de risque thromboembolique, on préfère les pilules de 3e et 4e génération à celles de 1re ou 2e génération. Diane 35 ne peut être utilisée : pas d’AMM contraceptive. L’isotrétinoïne guérit l’acné dans 70 % des cas pour une dose cumulative maximale de 120 mg/kg. Sinon, un traitement d’entretien est instauré avec des rétinoïdes topiques.
Article précédent
Le défi de l’alliance thérapeutique
Article suivant
IMC et repérage précoce
Prescrire le contraceptif en même temps que le préservatif
Le défi de l’alliance thérapeutique
Une prise en charge précoce
IMC et repérage précoce
Limiter les répercussions psychosociales
En dire ni trop, ni trop peu
« Sévice esthétique » et puberté précoce
Attention au risque d’infection bactérienne post-geste
Le HCSP préconise d’élargir l’offre vaccinale en la proposant en milieu scolaire
Le défi d’une médecine plus humaine
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024