Les marqueurs biochimiques du remodelage osseux sont utilisés depuis plusieurs années pour évaluer le risque de fracture et surtout pour le suivi thérapeutique. Certains de ces marqueurs sont filtrés par le rein et augmentent donc chez l’insuffisant rénal. La question est de savoir à partir de quel niveau du débit de filtration glomérulaire (DFG) ils augmentent et donc jusqu’à quel niveau de fonction rénale ils sont fiables pour témoigner du remodelage osseux. Ceci est très difficile à étudier dans des cohortes car il n’existe pas de gold standard pour le niveau de remodelage et parce que les sujets inclus dans les cohortes sont généralement sains.
L’équipe de Lyon (1) a pu disposer d’une base de données concernant 387 femmes ménopausées ostéoporotiques non traitées ayant participé à un essai thérapeutique. Elles ont toutes eu une biopsie osseuse en début d’étude et l’analyse a porté sur la relation entre marqueurs et histomorphométrie et la relation entre filtration glomérulaire et histomorphométrie. Ceci a permis d’établir un gold standard de remodelage et de mettre en évidence un seuil de la fonction rénale (FR) pour lequel les marqueurs étaient plus dépendants de la FR que de l’histologie. « On a choisi la valeur seuil de 60 ml/mn pour le débit de filtration glomérulaire (DFG), explique le Pr Roland Chapurlat. Cette valeur correspond au stade III de l’insuffisance rénale et c’est le seuil à partir duquel la parathormone augmente ».
La première étape a été de vérifier s’il y avait une corrélation entre les marqueurs osseux et le remodelage histologique ; ce fut le cas. Puis, les auteurs ont étudié la relation entre marqueurs et FR et la relation entre marqueurs et histologie en fonction du DFG (› ou ‹ 60 ml/mn).
Les résultats ont montré qu’en cas de DFG ‹ 60 ml/mn, les marqueurs sont davantage corrélés à la fonction rénale qu’au remodelage osseux. « Ce qui signifie qu’en dessous de ce seuil, l’interprétation du taux des marqueurs est délicate, précise R. Chapurlat. Ce qui ne veut pas dire qu’on ne peut pas les utiliser mais il faut tenir compte qu’ils sont élevés de manière artificielle du fait de leur moindre excrétion urinaire. Quand le DFG est› 60 ml/mn, l’interprétation du taux des marqueurs impliqués dans le remodelage osseux ne doit pas tenir compte de la fonction rénale ».
D’après un entretien avec le Pr Roland Chapurlat, hôpital Édouard Herriot, Lyon. INSERM UMR 1033
(1) Chavassieux P et al. Influence de la fonction rénale sur la mesure des marqueurs biochimiques du remodelage osseux chez la femme post-ménopausée ostéoporotique ???
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