Parmi les 120 000 accidents vasculaires cérébraux (AVC) rapportés chaque année en France, de 90 000 à 100 000 sont constitués et donc avec séquelles immédiates. Globalement, un tiers des patients va récupérer, un tiers gardera des séquelles et un tiers deviendra dépendant. Ces chiffres soulignent l'enjeu de la rééducation qui doit être débutée dès les premiers jours après l'AVC et réalisée de façon intense, pour aller au maximum de la récupération possible au cours du premier mois en profitant de la plasticité cérébrale.
« Refaire comme avant »
«Le potentiel de récupération dépend de la taille de la lésion, de son siège et du parenchyme restant, mais aussi de l'intensité de la rééducation au cours des premières semaines », insiste le Pr Alain Yelnik (hôpital Fernand-Widal, Paris). Il faut que les exercices demandés soient plus difficiles que ce que le patient saurait faire naturellement, ce qui sous-entend une rééducation de plusieurs heures par jour, sur toutes les fonctions (langage, vision, motricité, sensibilité) et d'autant plus intense que le déficit est plus sévère. « Il faut vraiment aider le patient à aller au maximum de ce qu'il peut faire, en empêchant les compensations, poursuit le Pr Yelnik. Il ne faut pas apprendre à faire autrement mais à refaire comme avant ». Ce n'est que dans un second temps, en l'absence de récupération malgré la rééducation initiale, que l'on s'oriente vers une réadaptation pour permettre au patient de garder une autonomie.
En pratique, la rééducation débute dès l'hospitalisation en soins intensifs, en respectant une période de progressivité les premiers jours, notamment si l'AVC est sévère. Elle se poursuivra au sein d’équipes spécialisées, multidisciplinaires, avec médecin MPR, infirmier, ergothérapeute, kinésithérapeute, orthophoniste, idéalement psychologue et neuropsychologue.
Au niveau de l'organisation, la tendance vers la prise en charge en ambulatoire s'accentue. L'hospitalisation de jour en MPR a vu ses capacités d'accueil augmenter. En revanche, l'hospitalisation à domicile, qui s'adresse le plus souvent à des patients plus complexes, reste insuffisamment développée. Enfin, dans le cadre du plan AVC 2010-2014, de plus en plus de régions ont mis en place des équipes mobiles de MPR. « Leur but est de faciliter le retour à domicile dès l'hospitalisation initiale, et de faire ensuite le lien avec les structures spécialisées », indique le Pr Alain Yelnik.
Rééducation virtuelle et ludique
Les techniques de rééducation connaissent aussi des évolutions, comme avec l'autorééducation par télémédecine, les différents outils de rééducation virtuelle et les programmes d'entraînement à domicile. D'autre part, l'utilisation de robots pour entraîner le mouvement du membre supérieur ou la marche se développe. « Il ne s'agit pas de remplacer mais de rajouter du temps de rééducation, en apportant en général un aspect ludique », précise le Pr Yelnik. Quant à la stimulation cérébrale électrique ou magnétique, elle donne des résultats encourageants mais reste pour l'instant du domaine de la recherche.
D'après un entretien avec le Pr Alain Yelnik, service MPR, groupe hospitalier Fernand-Widal, Paris
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