L’abîme politique. Voilà ce qui m’a le plus marqué ces dernières années : l’impuissance des pouvoirs publics à se hisser au niveau des enjeux auxquels est confrontée la France. Nous avons saupoudré des mesures coûteuses et inefficaces, pensant que le chéquier pouvait se substituer aux idées. À mesure que l’inaction persiste, les professionnels de santé se replient presque désespérément sur leurs prés carrés, faisant le jeu des corporatismes. Et à mesure qu’ils se replient, l’État se pétrifie toujours plus encore.
Pour l’accès aux soins, on a préféré rallonger les études plutôt que de s’attaquer à la racine du mal : recruter et former des jeunes soignants directement issus des territoires sous-dotés. Pour l’hôpital, on a préféré les primes à une refonte profonde de la gouvernance et des organisations. La réalité est inchangée : on faxe toujours des documents dans nos hôpitaux, nos libéraux sont épuisés et malheureux, les Français peinent à trouver un professionnel de santé. Pour combler le vide, on a créé le CNR, pensant qu’en invoquant ainsi l’Histoire, les idées reviendraient. Mais au vide a succédé la gesticulation. S’il y a une référence dont les gouvernements auraient pu s’inspirer, c’est celle du général de Gaulle, qui disait aux journalistes en 1962 : « Ce qui est à redouter, à mon sens, après l'événement dont je parle [sa disparition], ce n'est pas le vide politique, c'est plutôt le trop-plein ! ».
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Dr Anne Geffroy-Wernet, présidente du Snphare : « Il y a urgence à restaurer l'attractivité des PH »
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Gérard Raymond, président de France Assos Santé : « La plus grande découverte du XXIe siècle, c’est le patient »
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Cap sur la « consultation » infirmière
Cachez cette femme que je ne saurais voir