La prévalence de l’obésité n’a cessé d’augmenter en France, creusant les inégalités sociales de santé, à un rythme cependant moins important que dans de nombreux autres pays. En effet, la France fait partie des rares États au monde à avoir mis en place des plans de santé publique successifs visant la prévention, la formation et l’organisation des soins pour la prise en charge des patients avec une obésité.
Une des conséquences visibles est la structuration en 37 centres spécialisés obésité (CSO), maillant le territoire et privilégiant la prise en charge des patients avec une obésité sévère et complexe, en lien avec des soins médicaux et de réadaptation. De plus, la chirurgie de l’obésité, pratiquée dans le cadre d’un parcours médico-chirurgical pluridisciplinaire selon les recommandations de la Haute Autorité de santé, a révolutionné la prise en charge des patients avec une obésité sévère. Avec plus de 50 000 interventions par an, l’enjeu majeur reste celui de l’organisation des soins et de la gestion des complications médicales et chirurgicales à court, moyen et long termes, ce d’autant que de nombreux patients sont perdus de vue avec le temps.
La recherche clinique dans le domaine de la chirurgie bariatrique est très active en France, avec de nombreux essais randomisés menés notamment au sein du réseau Force, qui coordonne la recherche menée dans les CSO. Enfin, s'ouvre une nouvelle ère avec l’arrivée de thérapies orales ou injectables sous-cutanées basées sur l’utilisation à dose pharmacologique d’incrétines. Ces agonistes (seuls ou combinés) des récepteurs du GLP1, GIP et glucagon ont des effets majeurs sur la perte de poids et les données concernant les bénéfices cardiométaboliques et rénaux sont en train d’être consolidés dans l’obésité. Certaines de ces molécules permettent des pertes de poids « à 2 chiffres » et laissent espérer des thérapeutiques efficaces dans le contrôle du poids et du risque cardiométabolique. Les gastroentérologues ont ouvert la voie à des alternatives non chirurgicales, avec notamment la sleeve endoscopique. Bien entendu, la balance bénéfiques-risques reste à confirmer dans les années à venir pour tous ces nouveaux traitements.
L’obésité est une maladie chronique caractérisée par son hétérogénéité phénotypique et récidivante, lorsqu’elle est sévère et complexe. La médecine de l’obésité va se baser sur la combinaison de modification du mode de vie, de thérapies digitales, de médicaments, en lien avec des approches chirurgicales ou endoscopiques bariatriques. L’avenir nous montrera quelle sera la meilleure combinaison pour la prise en charge de l’obésité, véritable interface entre l’environnement, la biologie et les comportements.
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