Consommation d’alcool et inflammation hépatique

Le rôle de la flore intestinale

Publié le 20/03/2014
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Crédit photo : BSIP

« Il existait un rationnel à l’étude de l’impact du microbiote intestinal, explique le Pr Gabriel Perlemuter, ce qui nous a conduit dans un premier temps à réaliser un travail chez 36 patients hospitalisés dans le service ». Les sujets avec une hépatite alcoolique aiguë sévère présentaient une dysbiose particulière comparativement à ceux ayant une hépatite alcoolique peu sévère ou ceux indemnes d’hépatite alcoolique. « Toutefois, était-ce une cause ou une conséquence de l’atteinte hépatique ? ». Pour répondre à cette question, un second travail a été mené chez des souris axéniques (dépourvues de microbiote intestinal) chez lesquelles a été opéré un transfert de microbiote prélevé soit chez un patient ayant une hépatite alcoolique sévère, soit chez un patient indemne d’atteinte hépatique mais ayant une consommation d’alcool équivalente en durée et en quantité.

Chez les animaux ayant reçu le premier microbiote, des anomalies similaires à celles observées dans la pathologie humaine ont été rapportées, telles qu’une augmentation de la perméabilité intestinale, une élévation des transaminases ou des troubles de l’immunité locale et du mucus, ce qui démontre le rôle causal du microbiote dans la genèse des lésions hépatiques liées à l’alcool. « Parmi les mécanismes possiblement impliqués, une modification du cycle entérohépatique des acides biliaires est vraisemblable », précise le Pr Perlemuter.

Par ailleurs, des travaux expérimentaux menés sur un modèle murin soulignent que certaines bactéries sont présentes en moins grande quantité chez les souris développant une maladie alcoolique du foie et qu’il est possible de corriger cette dysbiose par deux techniques : le transfert de selles de souris saines et la consommation de certains prébiotiques.

Ces données ouvrent des perspectives prometteuses : identification des patients à risque d’hépatite alcoolique aiguë sévère par l’étude du microbiote intestinal et modulation du microbiote pour les traiter.

D’après un entretien avec le Pr Gabriel Perlemuter, hôpital Antoine-Béclère, Clamart ; Inserm U 996 (Microbiote intestinal, macrophage et inflammation hépatique) ; DHU Hépatinov ; Université Paris-Sud, Kremlin-Bicêtre.

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du Médecin: 9311