La prise en charge thérapeutique du cancer colorectal métastatique a beaucoup évolué ces dernières années avec notamment l’avènement des thérapies ciblées dans cette indication. Parallèlement à l’essor de ces nouvelles approches, des biomarqueurs prédictifs de leur efficacité ont été développés. « L’un des exemples emblématiques est l’évaluation génétique de la voie RAS de la tumeur pour prédire l’efficacité des anti-EGFR (panitumumab et cetuximab) », note le Pr Thierry Lecomte. Cette évaluation qui ne concernait initialement que le statut mutationnel KRAS s’étend désormais également à NRAS et il est probable que dans un avenir proche d’autres gènes de la voie RAS seront également concernés. Elle permet de définir un sous-groupe de patients non mutés pouvant bénéficier d’un traitement par anti-EGFR. Il s’agit d’une illustration concrète du concept de médecine personnalisée.
Les recherches se poursuivent pour définir d’autres marqueurs prédictifs de la réponse aux chimiothérapies (irinotécan, oxaliplatine) et aux anti-angiogéniques, domaine où les praticiens sont aujourd’hui encore assez démunis. Des données récentes soulignent l’intérêt, dans ce contexte, de l’imagerie fonctionnelle, qui constitue un marqueur pharmacodynamique, notamment des traitements anti-angiogéniques : les modifications précoces de certains paramètres tumoraux évalués au moyen de l’échographie de contraste hépatique après l’administration du bévacizumab sont prédictives de l’efficacité d’une chimiothérapie à base d’un anti-angiogénique dans le traitement du cancer colorectal métastatique. Une autre piste se fonde sur une approche pharmacologique basée sur la mesure précoce de la concentration sérique de bévacizumab, qui est corrélée à l’efficacité du traitement en termes de survie sans progression et globale. Enfin, même si les avancées sont moins nettes qu’avec la voie RAS, l’étude du profil de cytokines impliquées dans l’angiogenèse se profile pour prédire l’effet d’un traitement anti-angiogénique.
Parmi les perspectives : la mesure de l’ADN circulant d’origine tumorale. Plusieurs travaux évaluent la possibilité d’utiliser la mesure de « la charge » d’ADN circulant d’origine tumorale comme biomarqueur, à l’instar de ce qui se fait dans le suivi de maladies virales. « Cet ADN circulant est probablement un reflet de la masse tumorale et il est également possible de détecter des mutations, facteurs de résistance au traitement, précise le Pr Lecomte. Il s’agit là d’un enjeu majeur des prochaines années ».
D’après un entretien avec le Pr Thierry Lecomte, CHU, Tours
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