Une étude prospective randomisée menée chez 115 patients ayant une obésité morbide montre que la mise en place d’un ballon intragastrique avant un by-pass n’a pas d’impact sur le poids à moyen terme et est grevée d’une morbidité péri-opératoire accrue.
Technique restrictive ancienne, la mise en place d’un ballon intra-gastrique dans le traitement de l’obésité a connu un regain d’intérêt à la fin des années 1990 avec le développement de modèles plus sûrs.
Les essais randomisés sont peu nombreux mais rapportent une perte de poids, quelle que soit l’importance de la surcharge pondérale, sous réserve d’une prise en charge nutritionnelle associée, de 10 à 15 kg et, pour certaines études, une amélioration des comorbidités. Ces bénéfices ont été confirmés par de multiples études de cohorte, pour la plupart rétrospectives.
Après l’ablation du ballon, gardé en place pendant 6 mois, la moitié des patients reprennent du poids tandis que la perte de poids se maintient chez environ un tiers des sujets.
"Avant chirurgie bariatrique, une perte de poids serait recommandée chez les sujets ayant une obésité morbide afin de réduire le risque péri-opératoire et faciliter le geste chirurgical" explique le Pr Benoît Coffin. Des études cas-témoins ont montré que cette stratégie s’accompagne notamment d’une diminution des comorbidités, de la taille du foie et du temps opératoire. Ceci a conduit à réaliser une étude prospective chez 115 patients souffrant d’obésité morbide (indice de masse corporelle moyen de 54 kg/m2, nombreuses comorbidités). Ils ont été randomisés pour bénéficier de la pose d’un ballon intra-gastrique ou d’une prise en charge classique pendant 6 mois avant une chirurgie bariatrique (by-pass).
Dans le groupe avec un ballon gastrique, une perte de poids de 10 kg en moyenne a été observée, maximale entre le 1er et le 3è mois après la pose. Dans le groupe prise en charge classique, la perte de poids a été moindre, de 3 kg en moyenne. Lors du retrait du ballon, il y a eu un échec qui a nécessité une gastrotomie.
Pour le by-pass, le temps opératoire a été comparable dans les deux groupes, tout comme la durée d’hospitalisation. "De façon inattendue, 5 patients ont présenté une complication en péri-opératoire (de 0 à 30 jours), tous dans le groupe ayant eu un ballon intragastrique, surrisque statistiquement significatif (p = 0,02)", note le Pr Coffin.
Enfin, 6 mois après l’intervention chirurgicale, la perte de poids était comparable dans les deux groupes.
À la lumière de cette étude, seul essai prospectif randomisé (qui va être publié), la place du ballon intragastrique avant chirurgie bariatrique est nulle, la technique pouvant même être délétère chez ces patients particulièrement fragiles.
D’après un entretien avec le Pr Benoît Coffin, hôpital Louis Mourier, Colombes
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