Alors qu’avant les années 2000 aux États-Unis, le tabac et l’alcool constituaient la première cause des cancers oropharyngés (COP), ces derniers sont aujourd’hui associés au HPV dans de 70 à 90 % des cas. Dans la grande majorité de ces cancers (90 %), c’est un HPV 16 qui est en cause. Et, toujours aux États-Unis, on dénombre désormais plus de COP (près de 20 000 nouveaux cas par an entre 2013 et 2017) que de cancers du col de l’utérus (12 000 cas annuels).
L’incidence des COP augmente dans les deux sexes, mais plus particulièrement chez les hommes, chez lesquels la prévalence des infections orales par le HPV est de 3 à 5 fois plus élevée que chez les femmes (10,1 % versus 3, 6 %). L’incidence des COP HPV-induits obéit à ce même sex-ratio : 7,8/100 000 vs 1,4/100 000.
Une moindre clairance virale
La question d’une incidence accrue des infections par le HPV chez les hommes n’est pas tranchée, mais ils ont plus d’infections persistantes que les femmes, pour des raisons incomplètement élucidées. Les infections orales au HPV, comme les COP, sont étroitement associés aux pratiques sexuelles oropharyngées. Il est en effet établi que la pratique d’une sexualité orale avec les femmes expose à un risque plus élevé d’infection à HPV que des relations sexuelles avec les hommes. Le risque de COP est d’ailleurs trois fois plus élevé chez les femmes homosexuelles que chez les hétérosexuelles. Mais les pratiques sexuelles n’expliquent sans doute pas tout, et les hommes auraient également une moindre clairance virale.
Si les COP HPV-induits ont globalement un meilleur pronostic que ceux non liés au HPV, la morbidité liée au traitement est importante et il est essentiel d’améliorer la prévention de ces cancers. La vaccination pourrait jouer un rôle important et des études sont en cours pour juger de son effet sur l’incidence des COP. Les résultats ne seront toutefois connus que dans plusieurs décennies. La détection précoce des sujets à risque, notamment par la mise en évidence d’ADN viral après rinçage buccal ou d’anticorps anti-protéine E6 du HPV 16, constitue une autre voie de prévention possible. Parallèlement, une réduction de la morbidité liée au traitement est attendue, avec de nouveaux modes de prise en charge permettant une désescalade thérapeutique.
Anus : chez les hommes comme chez les femmes
Alors que l’on observe une baisse progressive des cancers du col chez les femmes, les cancers de l’anus sont en augmentation chez les hommes (essentiellement chez des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes [HSH] et chez des hommes infectés par le VIH) et chez les femmes, notamment en cas d’immunodépression liée à l’infection par le VIH ou d’autre cancer HPV-induit.
Les premiers résultats d’une étude de cohorte française ayant inclus 977 patients présentant des lésions de néoplasie intra-épithéliale anale de haut grade (AIN3) a rapporté une incidence cumulée de cancer anal de 4,2 % à 3 ans, sans différence entre les hommes (56,4 % de la cohorte) et les femmes. L’âge moyen au diagnostic était de 49,5 ans et plus de la moitié des patients étaient fumeurs. La majorité de ces cancers ont été diagnostiqués à un stade précoce, au stade 1 dans près de deux tiers des cas et au stade 2 dans un quart des cas. Les analyses multivariées, en cours, évaluent l’impact de différents facteurs pronostiques (rythme de suivi, anuscopie standard ou haute résolution, statut p16/ki67 notamment).
La prévention primaire du cancer anal repose sur la vaccination, qui a fait la preuve de son efficacité chez les HSH (réduction de près de 80 % du risque de néoplasie intra-épithéliale et de cancer). Dans le cadre de la prévention secondaire, l’étude Anchor va comparer une stratégie de surveillance active tous les 6 mois au traitement des lésions de haut grade chez les personnes VIH+.
Communications des Drs Eleni Rettig, États-Unis, Joel Palefsky, États-Unis, Laurent Abramowitz, France et Kathleen d’Hauwers, Pays-Bas
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